Je suis pas trop jojo le grégaire, mais parfois, j'aime bien me rappeler que je fais partie de la grande communauté humaine de notre époque alors hier soir, j'ai fait comme tout le monde et j'ai regardé ARMY OF THE DEAD de Zach Snyder.
Eh ben c'est pas pour faire le zigoto ou pour affirmer stérilement une opinion baroque afin de faire dépasser ma goule étourdie d'un choeur de lamentations, mais j'ai trouvé que c'était là le meilleur film de Snyder depuis un sacré paquet de temps.
Passée une intro et un générique surminables, le film prend ses marques tranquilou. L'idée du braquage en vaut bien une autre et les membres du commando sont pas forcément plus nuls que dans plein d'autres trucs vu récemment. Je note quand même qu'ils sont une petite dizaine et qu'à la fin du film je me souvenais de chacun d'entre eux. C'est peu, mais c'est déjà mieux que dans pas mal de films similaires... Si si... ça fait bizarre de le dire mais oui. Bon, leur plan est tout pété (pourquoi faire un braquage improbable avec un coffre inviolable si, au final, le véritable objectif aurait pu être ramassé en trois coups de pétoire) et ça se prend moyen au sérieux en étirant son intrigue dans une ambiance pop assez légère où se mélangent plein de trucs nuls et colorés. Alors oué, le pitch est assez con, illogique et géré par dessus la jambe m'enfin bon, quand on vient de se taper Wonder Woman 84 ou Godzilla vs Kong, c'est pas une grosse tartine de nawak piétinée par cette grosse barrique de Batista qui va nous poser problème...
J'ai vu un peu partout que la "photo" était plutôt décriée, bon, au moins y'a une idée visuelle assez radicale et, ratée ou non, un certain point de vue de mise en scène à ce sujet. Pourquoi pas. C'est souvent moche et absurde mais j'ai bien aimé ce parti pris parfois assez jusqu'au boutiste. Au delà de ça, bon, ça déroule du déjà vu au kilomètre, des clins d'oeils de gros lourd et des remarques de gros beauf analphabète... c'est vrai. Les appels du pied vers une situation politique contemporaine (de Trump aux réfugiés) sont généralement assez pitoyables et le tout a été inventé à l'apéro par des gens qui ont l'imagination et la folie créatrice d'une horde d'ingénieurs informaticiens. Même quand Snyder cherche à faire son Doomsday, il y arrive pas. Il faudrait qu'un jour, il se rende compte que la pop culture, c'est pas son truc, et qu'en fait, il s'épanouirait-il peut être un peu mieux s'il acceptait sa vraie nature et qu'il réalisait un truc genre "Excel, le film".
Ceci dit, les évidences me poussent à faire remarquer qu'à côté des 8h12 de Justice League, cet Army of the Dead, c'est carrément Barry Lyndon... Carrément. Même avec un tigre zombi.
En fait, le principal problème de ce film est de vouloir en faire trop alors qu'il galère à faire peu. Toute l'intrigue autour de la fille est inutile et plombe le film, le propulse de l'ornière du petit machin rigolo bourrin nerveux dans celles des gros trucs sirupeux, parfois gênant (est ce que le gars a vraiment envie d'évoquer ses problèmes personnels plutôt serieux dans pareil foutoir ?), toujours plombant, et étirant le film au delà du nécessaire. Aucun doute qu'en virant tout ça, le film y aurait gagné. Personne n'ayant strictement rien à foutre (mais alors rien) du sort de la fille et de son amie mexicaine...
Bon, bien sûr la liste des défauts et des trucs qui vont pas est ridicule et commencer à en faire l'énumération n'a guère d'intérêt, reste que j'ai trouvé ça moins con que Sucker Punch, moins consternant que Watchmen, ça me pose moins de problème que Dawn of the Dead, c'est moins ridicule que 300 et, contrairement à Justice League, ça ressemble au moins à un film... même si Snyder ne sait visiblement plus ni commencer une intrigue, ni la terminer, ni articuler ce qu'il y a entre.
Bref, j'ai pas passé un très bon moment mais j'ai été surpris de trouver ça pas si pire. Meilleur Snyder depuis des années et des années.
Allez, 4/20. Ou 3/10, ou alors 5 sur 30. Au choix. Sinon c'est P157 pour les gens précis.
Maintenant, on attend le director's cut de 3h20.
Enfin non, on l'attend pas mais bon.
Il se passe tellement rien que bon.