Arsenic et Vieilles Dentelles
Et bien ce Capra qui s’annonçait exquis se révèle une grosse déception…
A mon immense dépit et au lieu de l’excellent film que je présageais et qui me faisait déjà saliver, je n’eus droit qu’à une banale comédie assez médiocre.
Fort heureusement certaines scènes restent quelque peu amusantes et ont tant bien que mal arracher quelques sourires au visage de marbre que j’arborais durant une grande partie du visionnage. Je pense notamment au personnage de l’oncle fou, son identification au président Roosevelt et ses innombrables « CHARGE », ou encore le cocasse duo formé par le fragile Dr Einstein et le psychopathe Jonathan Brewster, incarnés respectivement par les très bons Peter Lorre et Raymond Massey. Hélas, je n’ai du vraiment rire qu’une seule fois à tout casser dans le film, lorsque pour la 3e ou 4e fois, Jonathan est comparé à Boris Karloff et que ce dernier est à la limite de sortir de ses gonds.
1 seule fois c’est dire ! Quand en face s’enchaînent coup sur coup situations ridicules (le cadavre dans le coffre) et gags grotesques (celui du taxi notamment)… Cary Grant braille, gesticule dans tous les sens, se contorsionne, et finit par être lourd, excessivement niais. Chacune de ses apparitions m’étaient presque douloureuses, voir ce grand acteur au formidable charisme réduit à faire le bouffon d’opérette me mettait mal à l’aise… Quant aux deux petites vieilles et leurs personnages de tueuses en série, celles-ci n’ont même pas réussi à me faire le moindre étirement des lèvres vers les oreilles… Rien. Pas le moindre ressenti envers elles. Les quiproquos et autres malentendus succèdent à des scènes dignes de farces. Tantôt cela fonctionne bien, tantôt c’est fade et indigeste, les scènes se répètent un peu. A l’approche du dénouement, le film devient un capharnaüm complet, les chaises volent, les protagonistes beuglent toujours plus fort, c’est d’abord plaisant car cela crée une agitation qui relance la machine, mais encore une fois, par abus, on retombe dans quelque chose de pénible . Je l’ai perçu comme un essoufflement évident du récit qui commençait pourtant agréablement avec un comique plutôt mesuré. Reste enfin le charme dévastateur de Priscilla Laine en jeune fiancée éperdument amoureuse du dément Mortimer, éblouissante !
En ce qui concerne la réalisation, ça reste raisonnablement prosaïque et très (trop ?) ancré dans la pièce de théâtre que le long métrage était à l’origine. Un peu dommage également.
Voilà, je n’ai donc que très peu accroché à ce Capra qui a selon moi, mal vieilli en plus d’être trop inégal et pas assez détaché de l’aspect théâtral. Et dont je trouve la moyenne bien trop élevée. Mais ce n’est, évidemment, que mon humble avis.