Florence (Jeanne Moreau) est mariée à un riche commerçant, M. Carala. Elle entretient toutefois avec son second, Julien Tavernier (Maurice Ronet) une histoire sulfureuse. Décidés à fuir, les amants se retrouvent embarqués dans un enchainement de circonstances dramatique...
10 secondes.
10 secondes passées comme un éclair, et Louis Malle m’a eu. Je tombais en hypnose.
Les médisants diront qu’il m’en faut bien peu. Un de ces « Je t’aime » éperdu dont Jeanne Moreau seule a le secret, le grain si particulier des Films Noirs du Paris des années 60, et puis surtout, surtout... le Jazz sensuel, sinueux de Miles Davis.
Alors oui, 10 secondes, ça fait bien peu. Mais bien peu du meilleur. Ascenseur pour l’Échafaud nous laisse cette impression qu’en de très rares occasions seulement, le Cinéma aura tant offert à son spectateur. Ce film est un délice absolu. Presque un mois après l’avoir vu, le film me reste en tête. Je continue d’écouter la BO, qui me réchauffe le coeur les nuits de retour à pied ivre et stone dans le Paris glacial d’un printemps en 2018.
Voilà pour moi la clé du film: l’état de quasi-transe vers lequel Malle nous pousse. Les nerfs craquent face à l’impatience, l’attente pétrie d’angoisse des amoureux. Le Sort revêt ses apparats des grandes tragédies, dans lesquelles la Fatalité n’est plus une donnée mais bien un personnage. C’est 92 minutes où l’on est pendu au fil du film, déçu et conscient que tout ne prend pas la direction voulue.
Tout amateur de cinéma, de Beau Cinéma, ne peut rater Ascenseur pour l’échafaud. Bijou en soit par sa direction comme ses acteurs, le film est magnifié par sa musique. Miles Davis est au film Noir ce que chaussure est au pied : une évidence.