Je suis partagé sur ce film. Tout d'abord, il faut savoir que je ne suis pas un fan de Kassovitz réalisateur. En même temps, je n'ai vu que "La haine", mais ce chef d’œuvre ne m'a jamais emballé.


"Assassin(s)" m'a vraiment plu durant la première heure : l'auteur frôle la perfection grâce à un scénario plein de scènes fortes et à une mise en scène à la fois inventive et intelligente. Cette première partie est touchante, drôle, odieuse, fine. Tout cela se voit sacrifié durant les 45 minutes qui suivent, l'intime au profit du politique, les scènes creusées mettant en valeur la relation entre les personnages au profit de clichés creux, la finesse d'un apprentissage au profit d'une lourdeur symbolique fatigante. Kasso casse la rythmique de son récit au moyen d'un revirement de situation qui ne fera que le castrer : en effet, avec ce nouveau point de vue, il ne peut pas se permettre de recommencer ce qu'il avait entamé durant la première heure, il prend alors une direction étonnante de maladresse.


Le réalisateur soigne son image et veille toujours à ce que les mouvements de caméra soient aussi impressionnants que pertinents. Ainsi, malgré son jeune âge, Kassovitz ne semble pas être juste en train d'imiter le cinéma américain, comme c'est souvent le cas en France, mais au contraire il se montre capable de digérer ses influences pour en sortir une signature propre. Même lorsque l'intrigue s'embourbe dans un discours superficiel, il réussit à en tirer le meilleur jus grâce à sa vision réfléchie. Le casting semble également approprié : Serrault en plein délire, Kasso en jeune naïf, leur relation rappelant par moment celle entre Marx et Johnny dans "Regarde les hommes tomber" ; le jeune Mehdi Benoufa impressionne également, même si sa partie se révèle la moins intéressante du film (à noter qu'il n'a plus rien fait par la suite pour le cinéma).


Bref, Kasso est un bon réalisateur à la base, il a également des choses à dire, mais le bougre se perd en laissant le propos plomber sa structure. Dommage, ce film-ci aurait vraiment mérité un statut de culte.


Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2015/16/1429213880-assassin-s.jpg

Fatpooper
6
Écrit par

Créée

le 9 juil. 2014

Critique lue 881 fois

3 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 881 fois

3

D'autres avis sur Assassin(s)

Assassin(s)
mikeopuvty
3

Branle-bas de combat

Avez-vous déjà essayé de vous masturber pendant deux heures ? Je veux dire continuellement, hein, pas juste d'innocentes caresses de bonobos... Je parle de deux heures d'intense masturbation à fond...

le 12 févr. 2015

11 j'aime

3

Assassin(s)
kloh
7

Critique de Assassin(s) par kloh

Assassin(s) est réalisé par Mathieu Kassovitz et date de 1997. Il met donc en scène Max (joué par Mathieu Kassovitz), un jeune de banlieue sans emploi et qui braque des supermarchés la nuit pour se...

Par

le 20 mars 2011

6 j'aime

1

Assassin(s)
Boubakar
2

La télé et les jeux vidéo rendent violent.

Pour son troisième film, Mathieu Kassovitz a voulu jouer avec Michel Serrault, pour un film d'initiation, mais dans un genre particulier. Ce dernier joue un tueur à gages vieillissant qui décide...

le 30 juin 2015

5 j'aime

3

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55