Retour aux sources

Astérix est l'une des plus grandes sagas que la France ait connue, mais c'est aussi l'une des plus controversées. En effet, si elle a très bien démarré en dessin animé dans les années 60/70, son état s'est fortement dégradé avec l'adaptation live « Contre César » en 1999. En 2002 est sorti le cultissime « Mission Cléopâtre » ; véritable modèle en terme d'humour, il est aussi le dernier représentant de l'âge d'or de l'humour français, celui des Nuls et de Canal +. Fortement ancré dans son époque, il ne fera pas rire éternellement, et il fallait donc lui trouver un successeur pour les générations futures. Les films d'Astérix se sont donc enchaînés, sans qu'aucun n'ait réussi ne serait-ce qu'à effleurer la cheville du maître. Et c'est là qu'intervient Alexandre Astier, une des nouvelles icônes de l'humour français, connu pour l'excellente série Kaamelott. Avec lui aux commandes, ainsi que l'ancien de chez Pixar Louis Clichy (Là-haut, Wall-e), la série revient à l'animation avec l'ambition de redorer le blason d'une série en mauvaise posture.

« Nous voulons le laissez-passer A-38 ! »

« Le domaine des dieux » est beau, très beau même. C'est peut-être le plus beau film d'animation français. S'il marque le retour d'Astérix au format animé, il marque surtout le passage de la série à la 3D. Très bien adaptée à l'univers de Goscinny et d'Uderzo, elle permet une tonne de possibilités de cadrages, tous plus beaux les uns que les autres. Les personnages sont très bien modélisés et les scènes d'action sont des perles d'inventivité et de dynamisme ; on sent la patte Pixar dans la réalisation de Clichy. Enchaînant les références à la série, on devient nostalgique devant les lancers de « poissons pas frais » et autres bastons insensées.

C'est pas de la Kaamelott

Mais Le domaine des dieux, c'est aussi un très bon travail d'Astier. Le Monsieur, en plus de la co-réalisation, s'est occupé de réécrire le scénario pour le cinéma, afin de donner un résultat un peu mitigé mais bon dans l'ensemble. On ressent souvent le travail du bonhomme sur Kaamelott, que ce soit dans l'écriture comme dans la structure. On se calque sur un modèle "sketch, baston, sketch, baston" avec quelques éléments faisant parfois avancer le scénario. Comme dans « Mission Cléopâtre », on retrouve donc l'analogie entre le film et le travail de son auteur. Chabat-Les Nuls dans « Mission Clépoatre » et ici Astier-Kaamelott dans « Le domaine des dieux ». Mais si les répliques écrites par le Môssieur font mouche, le film souffre de pas mal de longueurs au milieu du film. Il réussit quand même à se rattraper pour une fin en apothéose.

Bang Bang

Avec son humour ultra-référencé, on peut quand même se demander : pour qui se destine Astérix ? Est-ce aux enfants qui découvriront ainsi un univers punchy, avec des petites blagues pipi-caca de temps en temps et des séquences d'action sympas ? Aux jeunes adultes qui ont vu « Mission Cléopâtre » au cinéma, qui regardaient Kaamelott sur M6 et qui décèleront toutes les références à la pop culture ? Ou bien encore aux vieux de la vieille, fans de la BD depuis ses débuts, pour qui « Les douze travaux » est un dessin animé inégalable ? Eh bien, on ne sait pas. Quand j'y suis allé, j'étais le seul adulte dans la salle à ne pas accompagner une dizaine de gosses avec lui donc, à priori, il marche au moins pour ce public-là.

Vive la France (Conclusion)

Comme on pouvait s'y attendre, « Le domaine des dieux » signe bel et bien le retour fracassant du plus irréductible Gaulois que la France ait jamais connu. Dopé à la potion magique, Astérix est drôle, Astérix est beau, Astérix a les meilleures scènes d'action de la série, mais surtout : Astérix rend nostalgique. J'ai grandi avec « Les douze travaux » et je me suis toujours demandé si cette génération pouvait bénéficier d'un équivalent. Eh bien oui ! « Le domaine des dieux » est le meilleur film d'animation de la série depuis « Les douze travaux », et fera plaisir à toute la famille, même si certaines blagues échapperont aux plus petits. Je ne l'ai pas mentionné, mais le doublage est sans surprise : excellent.
ArthurMout-Mout
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le 15 déc. 2014

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