Au service de la médiocrité et du manque d'idées assaisonné d'humour ringard

Les sagas cinématographiques font souvent preuve d'inégalité entre les différents épisodes qui la caractérisent même si bien entendu des exceptions subsistent. La saga Astérix est un cas particulier. Commençant par un premier film très laborieux, la saga a brillé momentanément grâce à un second épisode réussi avec Alain Chabat aux manettes. Une comédie de qualité à laquelle a succédé un terrible étron intitulé Astérix aux Jeux Olympiques qui était juste une insulte adressée au public et au cinéma. Une chiasse sur pellicule tout simplement. Face à un début de saga en dents de scie, je restais réservé à l'annonce d'un quatrième volet et carrément dubitatif même quand j'ai su que Laurent Tirard qui a commis Le petit Nicolas était à la tête du projet. Après nous ne sommes jamais à l'abri d'une bonne surprise et il me semblait difficile de faire pire que le troisième volet. Mais bon, l'optimisme ça va bien 5 minutes, il y a des moments où dans la vie nous devons quand même conserver une part de rationalité.



Mais pourquoi le deuxième Astérix était-il si bon et pas les autres? C'est bien simple, Chabat avait su apporter sa touche personnelle et se démarquer de l'humour de la BD tout en le respectant. Et le truc avec Astérix c'est que l'humour de la bande dessinée est très difficilement retranscriptible au cinéma, même si il fait mouche sur les planches des aventures imaginées par Goscinny et mises en images par Uderzo. Astérix et Obélix au service de sa majesté n'échappe pas hélas à une retranscription fidèle des deux albums d'origine. Je regrette vraiment qu'il n'y ait pas de réelles prises de risque sur ces adaptations car là c'est du service minimum très pauvre en idées et en qualité.

On retrouve Edouard Baer cette fois-ci en Astérix après avoir incarné l'hilarant Otis chez Chabat. Dommage que son potentiel comique soit si peu exploité, il se contente de faire le job c'est tout. On a là un duo Astérix-Obélix qui fonctionne déjà mieux que dans le dernier volet qui n'avait décidément rien pour lui. Mais ce sympathique duo patauge péniblement dans un océan de débilité, de ce fait il est difficile d'en tirer le meilleur. Et quand on a un acteur de la trempe de Depardieu dans le casting c'est dommage même si ce dernier est un habitué de l'étron.
Le fait que ce soient des francophones qui incarnent des personnages anglais est assez ridicule. On voit ainsi Catherine Deneuve, Guillaume Gallienne et Valérie Lemercier s'exprimer avec un accent anglais forcé absolument insupportable à la longue et plutôt pitoyable. Seule Charlotte Le Bon réussit à ne pas être irritante avec cette accent. Elle devrait féminiser son nom de famille d'ailleurs tant ses formes et son petit minois aguichant ont constitué un des rares intérêts du film pour ma part. Comme pas mal de spectateurs masculins je suppose voire quelques spectatrices, après tout chacun ses tendances ou chak1 c guou comme dirait Dylan, 13 ans.

Le scénario reprend donc la trame d'Astérix chez les Bretons avec également une pincée d'Astérix et les Vikings. Une bonne partie des répliques originales sont présentes mais ça ne passe pas, ça sonne faux. Et les gags de la BD tombent complètement à plat, tout comme les autres tentatives désespérées de faire de l'humour à la sauce Tirard. C'est un humour juvénile à base de gags répétitifs à base de coups de poing et de grimaces qui ravira très sûrement les enfants. Après tout on peut leur faire bouffer de la merde comme ils veulent, ils ne sont pas encore exigeants. Pauvres marmots, j'avais hésité à contacter la DDASS pour dénoncer les parents dans la salle qui ont infligé ça à leurs gamins.



Dans le film on peut relever un nombre assez conséquent de références cinématographiques. Entre l'introduction des vikings qui rappelle (ou plutôt pompe sur) Kill Bill, la scène sur la falaise évoquant 300 voire encore un clin d'oeil hideux à Orange Mécanique, nous sommes servis. Mais c'est tellement mal amené, du genre cheveu qui tombe sur la soupe, que ça ne fonctionne vraiment pas. On a même une petite référence à Star Wars dans une scène entre Astérix et César qui reste malgré tout assez sympathique grâce aux deux comédiens. Fabrice Luchini en César transmet comme d'habitude son énergie au film mais son rôle n'est pas à la hauteur de son talent, desservi par des textes honteusement pauvres.

En gros le casting n'est pas réellement insupportable, chacun fait son taf sans grande implication et j'ai d'ailleurs vraiment eu l'impression que Depardieu se faisait bien chier sur ce tournage. En revanche Vincent Lacoste est insupportable, à l'image de son personnage Goudurix. Son côté bobo parisien naturel doit y être pour quelque chose, il est criant de naturel et véritablement tête à claques. Dommage que le Leatherface de Massacre à la tronçonneuse n'ait pas débarqué à un moment donné pour le découper en deux. Non seulement j'aurais apprécié la référence mais en prime on aurait eu le droit certainement à une scène jouissive. Mais malheureusement mon esprit torturé, pervers et malsain n'était pas à la tête du film et du coup, ça manque de sang et de boobs. Et dire qu'à la place Tirard arrive encore à nous faire passer un message sur l'héroïsme sous un air de musique épique. On se croirait chez Emmerich.

Astérix et Obélix au service de sa majesté apparaît donc comme étant un film très insuffisant qui peine réellement à relever le niveau de la saga. L'humour fidèle à la BD ne passe pas, le style de la bande dessinée ne fonctionnant décidément que dans les albums. Puis on a juste l'impression d'assister à un enchaînement de blagues et gags en tous genres sans cohérence. La structure humoristique du film est tellement mécanique et prévisible qu'on sent que le travail fourni a été réalisé sans grande inspiration. Pas aussi irritant que Astérix aux Jeux Olympiques, ce film ne vole tout de même pas très haut, traîne trop en longueur et frôle trop souvent le ridicule pour être, ne serait-ce, qu'un simple divertissement correct. C'est juste un mauvais film en somme. Et en plus on se tape les BB Brunes à la fin. Monde de merde.
Moorhuhn
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le 26 nov. 2012

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takeshi29
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