(Astérix et Obélix contre César, Claude Zidi, comédie de péplum, aventure, 1999.)


Ces jours-ci, il est difficile de ne pas évoquer la mémoire d'Albert Uderzo, qui vient de nous quitter ce jour. Avec lui, c'est 60 ans de l'histoire de la BD qui s'en vont, l'un des pères de deux héros, de deux phénomènes de la culture populaire française. Alors, évidemment pour pouvoir discourir davantage là-dessus, nous allons nous intéresser à ce qui a été produit autour de cet univers. Pour le cinéma, entre les films et les films d'animation, ce sont pas moins de 15 réalisations et un 16e prévu pour 2021 « Astérix et l'Empire du Milieu avec Guillaume Canet à la baguette. 
Mais voilà, devant ce foisonnement, il est difficile de parler de toutes ces réalisations, bien que comme vous, sûrement, j'ai vu des dizaines de fois passer les Astérix sur M6 pendant les fêtes ou les vacances. Aussi, j'écarterai le « Mission Cléopâtre », Uderzo ne l'aimait pas et on en a VRAIMENT beaucoup trop entendu parler. Uderzo avait plus d'affections pour les deux suivants « Aux Jeux olympiques » et « Au service de sa majesté », que personnellement, j'ai assez peu apprécié comme beaucoup d'entre nous d'ailleurs. 


Alors, j'ai choisi le premier signé, Claude Zidi : Astérix et Obélix contre César. C'est une production européenne (France, Italie, Allemagne), ce qui permet d'avoir à l'écran un casting intéressant Marianne Sägebrech**t (Bagdad Café) dans le rôle de Bonemine ou encore **Roberto Begnini incarnant Détritus, le bras droit de César (Gottfried John). 
Rare sont les films qui peuvent tout de suite imprimer un rythme d'entrée de jeu. Ce film tire assez bien parti de l'énorme renommée de la franchise qui fait que les personnages ont à peine besoin d'être introduits, tellement ils sont imprimés dans l'imaginaire collectif. 


Ainsi, le film s'ouvre avec César et son crew de cavaliers conquérants et hauts-gradés de l'armée romaine, chevauchant dans de magnifiques paysages sauvages sur fond de musique celtisante qui vous plonge tout de suite dans un univers. César s'adresse à ses troupes et ça ne donne pas l'impression d'un bricolage, il y a des moyens pour avoir des figurants, des costumes et accessoires et de l'image de synthèse pour remplir l'espace. Le ton est donné, la démarche est volontaire et assurée. Et à partir de ce moment, si vous aviez une grille du bingo d'Astérix à remplir, il y a tout ce que vous pouvez attendre du monde d'Astérix. Le projet s'est voulu fidèle à l'imagerie de la BD plus qu'au texte (bien que contrairement à certains, je trouve qu'il y a tout de même un peu de cet humour caractéristique de René Goscinny). De dialogues en dialogues, la caméra glisse tranquillement vers le village et nous entrons par un plan-séquence, pas nécessairement très long, mais qui nous présente tout ce que l'on veut voir du village : la porte du oppidum, Assurancetorix (Pierre Palmade) perché dans son arbre, Ordralphabétix à son étale, et Cétautomatix qui l'invective, Abraracourcix(Michel Galabru) qui se fait rabrouer par Bonnemine, la mythique bagarre à coups de poissons, Madame Agecanonix (Arielle Dombasle) se faisant du souci pour son Agecanonichou (Sim), qui bien qu'encore vert ne cogne plus aussi fort qu'à Gergovie ou encore un Panoramix (Claude Pieplu) -d'un genre assez expressionniste presque plus proche de celui du coup du menhir- préparant des potions, des bastons très aériennes avec les Romains
Les deux rôles titres, sont également très bien, la palme allant à Gérard Depardieu qui cerne et nous sert très bien l'Obélix naïf, susceptible, mais fidèle à son ami, à tel point qu'aujourd'hui, alors qu'il va passer la main pour le prochain film, il est difficile d'imaginer quelqu'un d'autre l'incarner. Quant à Christian Clavier, il nous donne aussi l'Astérix rusé, parfois colérique, mais je pense que le syndrome Clavier a encore frappé, puisque régulièrement Astérix devient Clavierix, c'est à dire que Clavier fait du Clavier, trop (et ce n'est rien à côté de ce qu'il nous fait 20 ans après.).
L'histoire est assez simple, Panoramix est enlevé et les deux guerriers gaulois vont tenter de le récupérer. Et c'est un peu là que le bas blesse, cet axe principal de l'histoire n'arrive qu'assez tardivement, et c'est le problème du film. L'histoire est simple, et c'est très bien, mais pour en arriver là il s'est passé beaucoup de choses, trop de choses et ce film à un côté fouillis : l'histoire habituelle entre Obélix et Falbala s'ouvre et se trouve fermée à la scène suivante, puis ils affrontent le devin, le percepteur, les Romains, la trahison de Détritus, puis on trouve une scène de cirque aux airs assez inquiétants (plutôt bien faite), un mutant dont on ignore tout, les énigmes avec Mathusalix (Jean-Yves Tual), les clones d'Astérix et Obélix. Bref, tout ça part un peu dans tous les sens, mais au moins c'est assez rythmé.


Bref, évoquer la mémoire d'Albert Uderzo, m'aura permis de revoir le film qui est mon premier souvenir de cinéma en salle, donc c'est toujours ça de pris. Un divertissement agréable, LARGEMENT sous-côté et dénigré, qui aura voulu se placer dans un parti pris entre atmosphère réaliste et dimension bande-dessinée, avec des acteurs sélectionnés du fait d'une certaine ressemblance physique, mais qu'on imaginerait sans problème porter les caractères que leurs personnages. Par exemple Jean-Pierre Castaldi, qui certes n'est pas transcendant, mais qui est exactement le visage humain d'un Caius Bonus. Pour cette extrapolation « D'Astérix le Gaulois », c'est un 7/10. Une bonne idée, pour revenir à un film d'Astérix qui ne voyagerait pas et resterait dans le village, serait l'adaptation de « La zizanie » qui serait très bien pour un film et pour le coup, c'est peut-être un peu tard, mais Begnini aurait pu incarner ce Tulius Détritus aussi.
Enfin, si vous n'êtes pas convaincu, dans ces années, l'autre film de Gaulois, c'était « Vercingétorix, la légende du druide roi » avec Christophe Lambert. Je vous laisse le choix.

Sarrus-Jr
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le 26 mars 2020

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