Ils ont eu du nez quand ils ont crée ce film

Cette fois les créateurs d’Astérix sont aux manettes et ils ont choisi un des meilleurs albums sorti à l’époque pour faire un dessin animé plus valable. Celui-ci à une grande réputation, entre autres pour ses chansons et les personnages plus intéressants que dans le précédent. D’ailleurs Obélix qui en était relativement absent a cette fois plus d’importance. Goscinny ayant également ajouté des gags, le comique est plus développé. Et puis franchement, dans le film Astérix Mission Cléopâtre, on ne sent pas uniquement l’influence de l’album, mais aussi celle de ce film.

La petite introduction qui est vraiment très drôle annonce déjà mieux que le précédent dessin animé. Rien à redire sur le thème principal, mais c’est celui du premier film alors… Au risque d'être peu charitable, au niveau visuel, Belvision est toujours à des années lumières de Disney. Néanmoins pour être juste, les progrès sont évidents, au niveau des décors entre autres. Au casting vocal, pas de changement depuis l’épisode précédent concernant les gaulois, et c’est Micheline Dax qui fait la voix de Cléopâtre. Et pourtant non, ça n’est selon moi, pas leur meilleure adaptation.

Déjà, une fois encore, on parle de l’adaptation fidèle (enfin... dans les grandes lignes) d’une BD de 46 pages. Et pour en faire un long-métrage de 1h10, il faut y aller mollo. Dès le générique fini, on sent que le rythme va être lent. L’ambiance est là, et prendre un peu son temps pour l’apprécier peut avoir du bon, mais en l’occurrence il faut un peu trop de temps pour entrer dans le vif du sujet. Après, je pense que chacun connait le synopsis : Cléopâtre parie avec un César qu'elle peut le construire un palais en 3 mois, l'architecte Numérobis chargé de ça demande l’aide d’Astérix, Obélix et Panoramix, etc etc.

Bien vite, des passages apparaissent visiblement étirés, entre autres celui de l'attaque des pirates. Prenons maintenant le cas des chansons. Le bain de Cléopâtre en est une bien trop longue. Plus de 3 minutes montre en main pour ça, c’est excessif. Je trouve surtout que la danse et le chant de son Lion ne sont vraiment pas dans l’esprit Astérix. Des animaux à ce point humanisés, ça doit être une première. Même Idéfix les rares fois où on déroge légèrement à la règle ça ne va pas bien loin.

L’architecte Amonbonfils, le rival de Numerobis, veut lui mettre des bâtons dans les roues, et il doit faire d’autant plus vite que la potion magique de Panoramix booste pas mal les ouvriers. Cela passe notamment par stopper l’arrivage des pierres. D’ailleurs petit détail amusant, même quand j’étais gamin ça me faisait marrer : Un ouvrier va voir Numérobis pour lui dire « Y’a plus de pierres », mais ils ont oublié de changer l’arrière plan, où justement, on voit des pierres. Du coup Astérix, Obélix et Panoramix vont eux-mêmes chercher ces pierres, et arrive la chanson « Quand l’appétit va, tout va ». Elle est restée célèbre, mais elle ne sert à rien et plusieurs fois je ne peux m’empêcher de me dire « Abrégez ! » 4 minutes pour celle-ci tout de même. Surtout qu’il y a des passages totalement hors sujet, comme le passage où dromadaire nous dit de ne pas le confondre avec un chameau.

... bon j'avoue quand même que c'est grâce à cette réplique que, même aujourd'hui, c'est ça qui m'aide à différencier les deux bestioles à coup sûr...

Après avoir tenté en vain de les perdre dans une pyramide, Amonbonfils et son sbire décident de faire croire à Cléopâtre que les gaulois ont voulu l’empoisonner, et voilà le fameux « pudding à l’arsenic ». Chanson très sympathique, entrainante, plus rapide que les autres, et la seule qui concerne quelquechose qui fait avancer l’intrigue. Après on va peut-être me dire que je chipote, mais une fois encore : Une souris qui a senti l’odeur du gâteau et n’a appréciée, s’en va l’air outré et avec des valises… une fois encore je trouve ça assez décalé avec l’esprit d’Astérix.

Ils finissent par stopper Amonbonfils, mais César n’apprécie pas l’idée de perdre le pari et décide de s’en mêler. Des passages ajoutés par rapport à l’œuvre papier ou considérablement modifiés arrivent alors, et ils sont plutôt divertissants : Il fait d’abord appel à un espion qui est un véritable caméléon, puis appel à trois mercenaires qui, une fois n’est pas coutume, capturent le druide. Je pardonne ce manque d’inspiration rien que pour cette excellente réplique « Avé César ! Ceux qui vont te servir pour un prix modique, te saluent ! ».

Puis l’assaut final est lancé, César ordonne à ses troupes de détruire le palais, mais Cléopâtre intervient, voilà le palais construit, et le happy end dans la foulée. Enfin, les seules personnes mécontentes sont… les crocodiles et le lion de Cléopâtre qui n’ont pas eu Numerobis à se mettre sous la dent, et qui défilent avec des pancartes. Non décidément, je trouve que ce genre d’humour n’a rien à faire là.

Ce deuxième et dernier long-métrage de Belvision est imparfait mais bien meilleur que son prédécesseur. Il prouve en tout cas pour de bon qu’il est particulièrement délicat de n’adapter qu’un seul album. Goscinny lui-même n’a pas fait mouche à 100% sur ce coup mais on peut toujours lui faire confiance : L’opus suivant va se faire désirer, mais pour quel résultat !