Atlantique est un joli galop d'essai pour Mati Diop. Les premiers films ne sont jamais faciles, en particulier quand ils sont ambitieux. Ce qui est le cas ici.
Sous couvert d'une immersion dans le quotidien désenchanté de la jeunesse Sénégalaise, Diop développe un récit allégorique saisissant sur l'impasse dans lequel le pays est bloqué. En effet, arrivé à mi-parcours, le long-métrage prend un virage fantastique assez inattendu. Sans déflorer l'intrigue, on peut affirmer que ce retournement permet à Atlantique d'approfondir son message.
Plaidoyer pour la liberté et critique acerbe des traditions/croyances, le destin d'Ada et Souleiman est également intéressant dans la symbolique qu'il charrie. Tandis qu'une grosse partie reste les yeux rivés sur la mer ou les préceptes religieux (représentations d'un espoir fallacieux), l'autre se débat pour s'en émanciper. Au milieu de tout ça, les manifestations étranges (fantômes? esprits vengeurs?) semblent renvoyer les habitants face à leur responsabilité dans cette crise identitaire.
Toute la beauté de ce drame réside dans une mise en scène discrète mais précise et la prestation magnifique de Ndeye Binta Sane, dont le regard perdu hante longtemps après le visionnage du film.
Une fable sociale qui tire parti d'un mélange des genres déstabilisant mais porteur de sens.