S’attaquer à la reconstitution du naufrage du Titanic en 1958 était un gros défi de vraisemblance pour les moyens de l’époque. Un travail colossal pour arrimer les séquences de plateau à celles des maquettes. Comme c’était le cas pour Le vieil homme et la mer sorti la même année, le spectateur doit faire appel à sa naïveté pour faire abstraction des effets visuels apparents et apprécier plei-nement l’histoire qui lui est racontée. Il faut dire que le phénomène Titanic dépasse l’imagination. Le plus gros navire jamais construit, prétendument insubmersible, coule à son voyage inaugural. Un tel fait réel assure au producteur un auditoire conquis d’avance. Dans ce cas-ci, la déception tient davantage à la construction du scénario qu’aux éléments techniques. Lorsque l’on aborde le genre, il est impératif d’approfondir la situation des principaux personnages avant de nous plonger dans la catastrophe. Cela permet de susciter de l’émotion tout au long du déroulement. Ici on effleure à peine la vie amoureuse du second officier avant qu’apparaissent les premières glaces flottantes. Aucun des passagers n’est vraiment développés, ce qui fait qu’on se soucie peu de leur destin. En introduisant davantage d’actions secondaires on aurait nourri la trame principale plutôt que d’étirer l’évacuation qui n’en finit plus. Et puis il y a les raccords de foule qui sont en général très aléatoires. Lorsque les rescapés se retrouvent au final sur le bateau qui les a repêchés, ils ont plus l’air de sortir d’un théâtre que de sortir d’un canot de sauvetage… mais déjà conquis vous dis.