Une fois n'est pas coutume, je suis allé voir ce film sans rien connaitre dessus et sans avoir vu la moindre bande-annonce. Seule certitude : il s'agissait de l'adaptation d'un comics d'Antony Johnston, auteur du sympathique post-apo Wasteland.


Novembre 1989. Un agent du MI6 est assassiné à Berlin, alors qu'il tente de mettre la main sur une liste des agents de la Stasi infiltrés à l'Ouest. Lorraine est envoyée sur place pour prendre sa suite. Un synopsis simple et concis.


Cascadeur et coordinateur de cascades de formation, le réalisateur s'est fait les dents sur John Wick et c'est sans aucun doute pour cela que les producteurs de ce film sont allés le chercher. Nous pouvons donc commencer par cela : à défaut d'être aussi virtuoses et inventives que le voudrait le cinéaste, les nombreuses scènes d'action ont au moins le mérite de rester lisibles. Ce qui est déjà beaucoup. La réalisation s'avère globalement fonctionnelle, hormis à deux moments où il essaye de se lâcher : dans une vue aérienne de Berlin Est noire de monde, et dans une longue baston en plan séquence (probablement truquée) plus soignée que la moyenne.


Néanmoins, Atomic Blonde ne se résume pas à la bagarre. Pour le meilleur et pour le pire. Le long-métrage commence comme un délire pop dans ce que cela peut avoir de plus jouissif et de plus agaçant. Années 80 obligent, les néons sont de sortie - malgré une représentation en même temps assez crasseuse de Berlin Est - ainsi que la bande-son régressive en mode jukebox. L'esthétique rappelle un peu ce que Suicide Squad aurait pu être s'il n'avait pas été charcuté par son studio, même si je doute que ce soit nécessairement une qualité. Et il y a un Cri de Wilhelm, ce que je ne supporte plus. Le tout avec Charlize Theron qui essaye de se reconvertir en héroïne de film d'action (car un Academy Award ne suffit pas à faire bouillir la marmite), forcément femme fatale, forcément régulièrement à poil, et forcément bisexuelle histoire de caser quelques séquences langoureuses avec la petite espionne française un peu (beaucoup) conne. A noter au passage un casting impressionnant pour un film de ce genre, avec James McAvoy, John Goodman, Toby Jones, Sofia Boutella, et même un Til Schweiger qui ne sert pas à grand chose et que le réalisateur a sans doute mis là juste parce qu'il a adoré Inglorious Basterds (d'où une scène avec l'héroïne qui s'habille sur fond de Cat People de David Bowie).


Alors, cela vient peut-être du casting, il n'empêche qu'à partir d'un moment, le film commence à se prendre au sérieux et à se rêver en adaptation d'un roman de John LeCarré, à base de trahisons et de complots en pagaille. La musique électronique allemande disparait progressivement, de même que la caricature des années 80. Il y avait déjà eu quelques signes avant coureur, comme lorsque le réalisateur rend un hommage appuyé et incongru au Stalker de Tarkovski. J'avoue avoir ri comme un con lorsque l'héroïne rentre dans un bar, et que démarre un As Time Goes By totalement inapproprié. Film, tu tiens réellement à citer Casablanca ?


Atomic Blonde a le charmant derrière de Charlize Theron entre deux chaises, jouant d'un côté sur le pur actionner primaire et bourrin à l'esthétique héritée d'un Guardians of the Galaxy, de l'autre sur l'espionnage dans un contexte en soit passionnant - les derniers jours de la RDA - mais traité par dessus la jambe avec des acteurs dont seul Til Schweiger semble à sa place. Je serais curieux de lire le comics. Quant à son adaptation, il s'agit d'un sympathique divertissement, avec quelques scènes réussissant à sortir du lot, mais qui ne mérite pas pour autant de se déplacer au cinéma.

Ninesisters
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste [cinéma] Dans les ténèbres immobiles

Créée

le 9 août 2017

Critique lue 646 fois

4 j'aime

1 commentaire

Ninesisters

Écrit par

Critique lue 646 fois

4
1

D'autres avis sur Atomic Blonde

Atomic Blonde
Mia_Landa
8

"Oh putain, j'adore Berlin"

Atomic Blonde, qu'on décrit comme l'homologue féminin de James Bond ou encore comme celui de Jason Bourne, est non seulement digne de ce titre, mais s'en démarque considérablement. Il s'inscrit dans...

le 17 août 2017

38 j'aime

10

Atomic Blonde
Behind_the_Mask
7

Live & let die in Berlin

Atomic Blonde sera sans doute plus d'une fois comparé à John Wick, dont il semble à première vue en constituer le pendant féminin. Tout d'abord parce que sa réalisation a été exécutée par une moitié...

le 17 août 2017

37 j'aime

8

Atomic Blonde
Albiche
6

Atomic Bomb

Atomic Blonde fait partie de ces films de 2017 que je n'attendais pas spécialement mais qui s'est avéré être l'une des meilleures surprises de l'année pour moi. Après avoir vu la bande-annonce...

le 19 août 2017

32 j'aime

12

Du même critique

Evangelion 3.0 : You Can (Not) Redo
Ninesisters
10

La prochaine fois, j'enlève le bas !

Si je suis légèrement moins emballé que pour les deux premiers opus, je trouve quand même qu’il s’agit pour l’instant du meilleur de la saga. Paradoxe ? Incohérence ? Disons que mon impression est à...

le 30 avr. 2013

43 j'aime

Hellsing Ultimate
Ninesisters
9

Critique de Hellsing Ultimate par Ninesisters

Kôta Hirano est un mangaka plus connu pour la qualité de ses boucheries, enfin de ses manga, que pour son rythme de publication. Ainsi, après le succès d’un premier anime qui ne reprenait finalement...

le 13 mars 2013

38 j'aime

1