Attila Marcel par Hugo Harnois
Il était une fois un jeune pianiste prodigieux du nom de Paul. Quand l'une de ses mains apportait à sa bouche une délicieuse chouquette, l'autre dansait sur l'instrument telle une ballerine. Sa vie serait faite de joie et de passion si ses deux tantes n'étaient pas constamment sur son dos. Ses parents étant morts alors qu'il n'était encore qu'un bambin, Paul fait la rencontre d'une mystérieuse femme qui prétend avoir le pouvoir de faire resurgir nos souvenirs les plus anciens.
Réalisateur des Triplettes de Belleville et de L'Illusionniste, Sylvain Chomet s'invite dans le tangible avec son premier long-métrage en vues réelles. Et vous savez quoi ? La frontière entre l'animation et la réalité peut être très mince. En créant des personnages haut en couleurs et volontairement caricaturaux, Attila Marcel s'inscrit directement dans la lignée du conte. Ce ne sont pas les très beaux flash-back qui prouveront le contraire, et montrent d'ailleurs toute la technique dont Chomet fait preuve avec des effets et des couleurs très pop.
Ces retours dans le passé étant très graphiques, le réalisateur a su garder l'ambiance de ces films d'animation en ne visant jamais le réel mais l'imaginaire. Idem pour la partie sonore qui ne fait que conforter cette ambiance enchanteresse et nostalgique. Cette narration est constamment parsemée de musique en tout genre (classique, variété, ukulélé) pour remplacer la parole humaine. Les films de Chomet ont en effet toujours été silencieux même si cette réalisation semble malgré tout bien plus bavarde que ses aînées.
Attila Marcel, c'est d'excellents acteurs (la palme à Gouix, stupéfiant d'émotivité en restant muet), un scénario bien construit malgré un côté trop linéaire (peut-être même quelques creux), mais aussi des références littéraires agréables. Voilà ce qui fait l'originalité et l'authenticité d'une œuvre comme celle-ci. Et comme quoi le paradoxe peut avoir du bon, puisqu'on assiste ici à un passage au réel réussi, alors qu'il ne vise pas le réalisme !