Qui ne connaît pas Moby Dick ? Cette grande baleine particulièrement féroce, objet de la quête ultime du capitaine Achab, se déploie dans les pages du roman auquel elle a donné son nom. Un chef d’œuvre incontesté de la littérature, signé Herman Melville, qui nourrit les imaginaires depuis sa publication en 1851, et qui a bénéficié d’une excellente adaptation au cinéma en 1956.
Au Coeur de l’océan est une autre transposition littéraire pour le grand écran. Sous la plume de Nathaniel Philbrick s’écrit l’histoire de l’Essex et de son naufrage qui a grandement inspiré le roman de Melville. Sous la houlette du réalisateur Ron Howard, un grand conteur qui aime mettre en image le courage des hommes face à l’adversité, cette épopée maritime tient bon la barre. L’aventure du baleinier est dépeinte avec beaucoup d’authenticité, dévoilant au spectateur l’envers du décor de cette industrie et de ces chasses. Les codes du genre – les rivalités au sein de l’équipage, l’homme face au déchainement de la nature, la peur et le découragement – sont portées par un souffle épique.
Cette force motrice ne faiblit pas jusqu’à l’affrontement attendu, qui provoque le naufrage du navire. Mais après ce moment de bravoure, en revanche, le rythme accuse une baisse de régime. Bien que certaines scènes soient riches de sens, l’errance des survivants traîne en longueur. L’interprétation en dent de scie de certains acteurs (Chris Hemsworth et Benjamin Walker en tête) n’arrange rien à l’affaire et la caméra de Ron Howard semble anesthésiée par le roulis.
Les échanges entre Melville et Chase (subtilement interprétés par Ben Wishaw et Brendan Gleeson), qui sont le véritable cœur battant de l’histoire, donnent de beaux moments. Ils contrebalancent les défauts du film et pallient les longueurs ressenties lors de la dernière séquence «survival». Aussi, malgré quelques effets spéciaux limites dus aux limites budgétaires, l’Essex et son équipage nous embarquent tout de même pour une grande aventure.