Un miracle selon la revue Positif, le meilleur mélodrame d'Eastwood selon les Cahiers du cinéma... Amis cinéphiles, l'heure est grave. L'aveuglement dont fait preuve l'intelligentsia cinématographique française est devenu proprement terrifiant. Incapacité à reconnaître une œuvre ratée ou hypocrisie révoltante ? Nul besoin d'être un expert pour constater le naufrage filmique que représente la nouvelle production d'Eastwood. Est-ce la crainte de passer pour des imbéciles qui force ces critiques timorés à trouver du génie dans une chiure de moucheron, parce que ce moucheron s'appelle Mr Eastwood ? Ce n'est pas en nommant une bouse une perle que cette bouse deviendra une perle. Un peu de bon sens ! Osons appeler un navet un navet !

Car en effet, Au-delà, le dernier « miracle » du dieu Eastwood, besogné depuis les cimes du mont Warner Bros, est un effrayant navet. Tout vieux sage intouchable qu'il est, le père Eastwood s'est méchamment cassé la figure en dérapant sur le tapis poussiéreux de son académisme éculé. De la maturité ? A d'autres ! Au-delà se veut tellement classique et minimaliste dans sa facture qu'il se transforme, après une première séquence plagiant Le Jour d'Après, en un laborieux, un interminable exercice de style aussi scolaire qu'ennuyeux. Le pitch de base aurait pu donner lieu à un film touchant : les destins de trois personnages géographiquement très éloignés, confrontés à une expérience de mort, finissent par se croiser. On attendait un film choral, dont la proximité avec la mort, thème ô combien universel, aurait pu se révéler bouleversante. Seulement, Au-delà ne raconte rien, ne montre rien, ne suggère, ne suscite rien. Juste du vide, juste de l'ennui, et l'envie grandissante que le film se termine enfin. Démonstration outrancière d'un scénario inexistant, immobilité visuelle exaspérante, acteurs en roue libre (un Razzie pour le fadasse Matt Damon serait le bienvenu), montage anémique, musique soporifique, effets spéciaux abstraits jusqu'au ridicule, mixage horripilant qui étouffe les voix françaises...

Le ratage artistique est total. Un ratage d'autant plus scandaleux qu'il ose encore s'autoproclamer « style », avec une prétention insolente. Le « style Eastwood ». Le style d'un grand devenu un gentil petit fonctionnaire hollywoodien, condamné à produire docilement son film annuel, le studio qui l'emploie espérant que cette accumulation exorbitante continuera de tromper tout le monde en la faisant passer pour une œuvre. Eastwood enchaîne les films comme un forcené. S'il continue ainsi, on peut légitimement s'attendre au pire. Il semble avoir atteint avec Au-delà un point où le radotage est inévitable. Quand l'épure et l'indicible touchent à l'ennui le plus abyssal, il est temps de passer à autre chose. Un problème demeure : le soutien d'un tel cinéma par « l'élite » de la critique. Cette « élite » n'a-t-elle pas vu un bijou filmique dans l'insipide Somewhere, mollement réalisé par une Sofia Coppola usée avant l'heure ? L'année 2011 s'annonce très mal. Si les plus grandes valeurs se gamellent d'entrée de jeu, les meilleurs films seront certainement des outsiders, comme le magnifique Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu, scandaleusement passé inaperçu !

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le 26 août 2011

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