Sur ma version de ce film, j'ai droit à une interview du réalisateur. Samuel Fuller est fou. Ou en tous cas il a l'air de l'être lorsqu'il s'exprime. La violence est aussi soudaine de ses films que dans son ton de voix, comme s'il avait des illuminations, comme si les mots qu'il employait faisaient eux aussi leur propre guerre. Un curieux personnage!

L'histoire de 'The Big Red One' n'est rien d'autre qu'un journal de guerre, tenu par une troupe. Pendant 2h30, nous verrons ce petit monde parcourir l'Europe et effectuer quelques missions contre l'occupant nazi. Le problème est bien là. Il manque une histoire avec un objectif solide, précis qui serve de fil conducteur. C'aurait pu être la prise d'une ville, ou que sais je. Au lieu de ça c'est vraiment la mise en scène d'un journal intime ce qui donne lieu à des scènes décousues.

Heureusement, chaque scène ou presque est vraiment bien écrite en soi. Et dans chacune d'elle il y a un objectif précis, des conflits, une résolution, tout pour que ça marche. Si bien qu'en fait, je me dis que le film se serait mieux porté sous forme d'une mini série. En conservant chaque épisode, surtout le final, bouclant la boucle. Cette structure par étape n'est pas sans rappeler celle d'un jeu vidéo où l'on parcourt différents stages avant la confrontation finale. En plus il y a des séquences qui pourraient vraiment donner super bien dans ce domaine du jeu.

Question mise en scène, je préfère Fuller en noir et blanc. D'ailleurs la séquence d'intro durant la Grande Guerre est sublime. Les couleurs, il gère moins. Il reste de très belles compositions, mais c'est dans le contraste qu'il convainc le plus. Ou au pire dans les plans ternes, de couleurs unies. Il y a aussi quelques maladresses de montage par moment, les dialogues sont un peu trop hachés, ça manque alors de fluidité. En revanche, Fuller parvient à ne jamais perdre son spectateur. Malgré le nombre de soldats, il est toujours possible d'identifier l'acteur devant la caméra. De même certaines scènes sont mises en boîte de façon assez concise. Puis comme Fuller le dit dans l'interview, et je me rends compte que c'est ce qu'un de mes profs répétaient tout le temps, "ne parle pas de quelque chose, montre le". C'est ce que le maestro démontre au travers de ses films.

Bref, The Big Red One est un film de guerre couillu, sympathique, bien foutu mais qui souffre avant tout d'un scénario décousu. Il est dommage aussi que l'auteur n'ai pas tourné en noir et blanc.
Fatpooper
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le 3 janv. 2013

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