Le film où Isa Miranda surclasse nettement Jean Gabin

Ce film aujourd'hui méconnu avait eu la faveur du public et reçu divers prix dont un prix à Cannes en 1949 et l'oscar du meilleur film étranger en 1951.
René Clément, après avoir fait plusieurs films sur la guerre, change un peu de registre avec cette comédie dramatique. Il met en scène un Gabin, qui commence à avoir de la bouteille et qui commence à jouer des personnages intéressants. C'est un Gabin dans sa période dite "intermédiaire" où il n'est plus le sémillant et séduisant jeune homme d'avant-guerre et où il n'est pas encore l'homme mûr de la seconde partie de sa carrière.
Gabin campe un homme, Pierre, qui fuit la France, caché sur un bateau et échoue à Gênes. C'est désormais un homme sans illusion, qui porte le crime qu'il a commis comme une croix. A la recherche d'un dentiste, il se mêle à la population miséreuse d'un Gênes d'après guerre encore marqué par les ruines. Il est aidé par une serveuse de restaurant, Marta (Isa Miranda) et sa fille. Alors que Marta sort péniblement d'une liaison avec un homme violent, elle voit en Gabin une seconde chance ... Isa Miranda joue, ici, un personnage, complexe, tout en profondeur, qui repose sur l'amour qu'elle porte à sa fille et qu'elle craint de détruire mais qui veut aussi vivre sans toutefois oser rêver à un avenir trop incertain. Son jeu tout en douceur et persuasion est superbe.
Mais le destin pèse lourdement sur cette idylle entre l'ex-mari de Marta, la jalousie de sa fille et le mandat judiciaire lancé contre lui.
Le film baigne dans une atmosphère qui s'inspire du néo-réalisme italien où l'avenir se limite à aujourd'hui et où les personnages sont filmés dans la vraie vie, sans fard. On sent d'ailleurs une population devenue méfiante envers l'autorité et peu disposée à aider la police dans sa traque mais pas pour autant solidaire.
Film qui mérite d'être redécouvert ne serait-ce qu'à cause de la très belle prestation d'Isa Miranda.

JeanG55
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le 24 janv. 2021

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