Deux ans après son fameux «A Touch of Sin», le réalisateur chinois Jia Zhang-ke revient sur nos écrans avec un étrange mélodrame qui tente de dépeindre, de façon métaphorique, les mutations de la Chine contemporaine.
Au travers de l'histoire de Tao et de ses proches, il s'emploie à symboliser, en trois parties, l'évolution récente et à venir de son pays. D'un très long prologue en 4/3 qui évoque l'incertitude de la Chine des années 90 à une deuxième partie en 16/9 sur l'engagement de la Chine dans le capitalisme et une troisième partie en CinemaScope sur la Chine du futur, Jia Zhang-ke se montre très ambitieux. Pari à moitié réussi.
A force de vouloir constamment renouveler son film en changeant de formats, de lieux, d'ambiances et de personnages, il finit par perdre une partie de l'attention du spectateur. Il livre ainsi une oeuvre assez inégale, où se côtoient d'incompréhensibles lenteurs et de nombreux effets de style un peu vain mais aussi de splendides moments de cinéma. On retiendra par exemple quelques magnifiques plans mais surtout une Bande Originale admirablement éclectique. Il faut aussi noter la qualité des acteurs qui offrent, pour la plupart, d'excellentes prestations. Enfin, n'oublions pas la dernière scène de cette étonnante fresque qui est tout simplement sublime.
Pourtant, en sortant de la salle de cinéma, il subsiste cette étrange impression de déjà vu : les triangles amoureux, les divorces, les déchirements familiaux, le cancer, la lutte des classes, l'Oedipe et les cougars, finalement, on connaît déjà. «Au-delà des montagnes» est donc, dans l'ensemble, un beau film, très intéressant sur son portrait de la Chine mais peut-être un peu trop prétentieux dans le style. A voir, par curiosité.
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