On retrouve dans House by the River quelques thématiques chères au cinéma de Fritz Lang, notamment ce qui tourne autour du mal et de la culpabilité, et s'il ne tombe dans pas la répétition, il peine tout de même à se renouveler et ne parvient pas, ici, à les sublimer.


Comme avec La femme au portrait et Le secret derrière la porte, le cinéaste allemand tend vers le thriller psychologique, mais cette fois-ci, il ne bénéficie pas d'un scénario à la hauteur, avec des personnages dont la psychologie est caricaturale, et écrite avec de trop gros traits. C'est dommage, car l'oeuvre débute assez bien, avec un meurtre qui ne sera pas caché mais utilisé à des fins personnelles par un écrivain frustré et machiavélique, prêt à tout sacrifier pour ses ambitions de gloire.


En opposant ce personnage diabolique à son frère, qui, lui, est le symbole même de la bonté, Lang continue dans la caricature et empêche une réelle réflexion autour du mal et de la complexité de l'humain, mais aussi au niveau de l'histoire, et la relation complexe des deux frères. L'atmosphère mise en place est plutôt prenante, à défaut d'être transcendante, se révélant surtout sombre et poisseuse, avec une montée en puissance crescendo, à l'image de la folie du protagoniste, même si on pourra aussi regretter une finalité bien trop sage et pas dans la folie qui la précède.


C'est grâce à cette ambiance que l'oeuvre demeure tout de même réussie, ainsi que plusieurs détails que Lang maîtrise à merveille, tant dans le fond que la forme, à l'image de l'utilisation des eaux marécageuses ou la double culpabilité du bon frère. Comme souvent, le cinéaste allemand maîtrise parfaitement sa caméra et utilise le noir et blanc pour créer des contrastes ainsi qu'une sensation d'angoisse. Devant la caméra, les comédiens se montrent aussi à la hauteur, en particulier l'excellent Louis Hayward.


Si Fritz Lang s'est déjà montré plus inspiré qu'avec House by the River, il livre tout de même un thriller efficace, sachant faire oublier les failles dans l'écriture par une atmosphère sombre et poisseuse assez prenante, une caméra capable de créer l'angoisse ainsi qu'une folie qui gangrène le récit.

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le 5 juin 2020

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