A la base, Edouard Bergeon n'est pas réalisateur mais agriculteur. Ou du moins il l'a été malgré lui. Fils et petit-fils d'agriculteurs, Bergeon doit aider sa famille suite au suicide de son père et finit par devenir journaliste au fil du temps. Un parcours atypique qui l'amène au bout d'un moment à évoquer le milieu dans lequel il a grandi et bien évidemment les drames qui en découle dans le documentaire Les fils de la terre (2012).


Au nom de la terre est avant tout une fiction, mais ce film lui permet également d'évoquer son histoire à travers le personnage incarné par Anthony Bajon. Au vue de l'archive montrée dans le film, le personnage de Guillaume Canet est directement inspiré de son père, reprenant son look jusqu'à la calvitie.


Le film montre des gens prêts à faire des sacrifices et en payant le prix. Il se déroule en 1996 et malheureusement les conditions de vie des agriculteurs n'ont pas vraiment changé (cf le récent documentaire Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodolphe Marconi), elles ont même tendance à empirer. Les prix qui baissent, les conditions de vie, les pertes, l'isolement, la dépression menant régulièrement au suicide, les factures qui s'accumulent... Au nom de la terre va dans ce sens, montrant un homme qui va progressivement perdre la raison, bouffé par le remord, la honte et au final le désespoir. De l'homme ambitieux qu'il était en début de film, il n'est désormais qu'une loque. Un comportement qui impacte sur le reste de la famille, qui se retrouve dans une position d'impuissance. Le film est dur, violent et on ressent une certaine tristesse devant ce malheureux concours de circonstances.


Le film montre également un conflit de générations. Le grand-père (Rufus) est agriculteur depuis l'enfance et il n'accepte pas que son fils fricote avec les industriels et pensent aussi que les méthodes d'autrefois sont toujours valables. Le père pense tout le contraire et n'envisage pas que son fils devienne comme lui. C'est là le sinistre constat que délivre le film.


Qu'un film aussi pessimiste puisse toucher un public aussi vaste (1,9 million d'entrées) s'avère être une excellente surprise. Même si le spectateur ressort avec la boule au ventre.

Borat8
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le 4 mars 2020

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Borat 8

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