Pas véritablement conquis par l'univers de Quentin Dupieux en règle générale j'ai tout de même été agréablement surpris par cette comédie nonsensique. Là où des films tels que Wrong ou le plus récent Réalité manquaient parfois d'ampleur et/ou de densité ce petit moment d'absurdités compassées témoigne d'un regard inédit dans l'Oeuvre de Mr Oizo. Mieux : si l'on excepte un dénouement crevant sévèrement la baudruche ( mise en abyme sur un film monté de toute pièce se mordant la queue, et patati et patatra...) ce nouveau long métrage, arborant un titre-apostrophe résumant parfaitement le ton et le propos, met à profit ses lourdeurs délibérées en se réinventant minute après minute...
Entre un Benoît Poelvoorde impeccable en Buron mastiquant du sandwich entre deux interrogatoires, un Grégoire Ludig amusant en innocent présumé coupable ou encore un Marc Fraize hilarant en second couteau ablaté d'un oeil ce huis-clos aux faux airs de Buffet Froid ( Bertrand Blier est du reste remercié au générique de fin par Quentin Dupieux ) s'avère particulièrement propre dans son déroulement. Précise au point de paraître un tantinet désincarnée la mise en scène demeure souvent brillante, chaque séquence prenant une direction nouvelle vis-à-vis de la précédente. Le récit conjugue quant à lui glissements narratifs et répétitions avec un sens du contrepoint particulièrement bienvenu.
Dans ce commissariat au plafond surréaliste, où les éléments du mobilier typés eighties sont légion et où les poulagas finissent aveugles confinés dans un placard les trouvailles formelles ne manquent pas. Dupieux livre ici une comédie absurde au récit-gigogne pour le moins étonnante, certes parfois affectée dans sa conduction mais suffisamment généreuse pour nous intriguer tout du long. Vraiment bien in fine.