'Au revoir là-haut' d'Albert Dupontel est une claque aussi bien cinématographique que philosophique. Dans cette France des années folles, aveuglée par un faux traité de Versailles, nos malheureux soldats essaient tant bien que mal de s'en sortir, de se reconstruire, de connaître la vie, ses vertus, sa beauté et surtout, son sens. Quid de ces soldats laissés comme des moins que rien, abandonnés depuis la bataille de la Somme, dans les tranchées de Verdun ou en Alsace-Lorraine ? La parole divine et le courage. Au revoir là-haut est surtout une satire, une dénonciation de l'injustice dont ont étés victime les soldats francais, humiliés et oubliés.
On suit donc l'histoire de deux soldats, dont l'un fut totalement défiguré deux jours avant l'armistice du 11 novembre 1918. Tous deux essaient tant bien que mal de se reconstruire, ensemble. Pendant qu'un essaie de se cacher sous des masques, l'autre s'essaie aux arnaques. Les deux font la pair, des grandes soirées de luxe parisiennes à la misère du Montmartre des années 20, ils passeront par toutes les émotions.
Le scénario est avant tout, a lui seul, une œuvre d'art. Il commence durement pour ensuite donner quelque chose de magique à une histoire sanglante, il humanise ceux qu'on dit être meurtriers. Il chante une fable de vie, une fable qu'on raconte à ses enfants pour faire de beaux rêves. Louise (la petite) est d'ailleurs emblème de cette métaphore.
Les acteurs sont tous très très bons, de l'incompris Maillard (Albert Dupontel) à l'horrible Laurent Laffite, génialissime traitre et lieutenant, escroc à ses heures perdues.
Les dialogues sont ponctués d'un poème soigné et enchanteur, dans un français depuis longtemps perdu.
L'acteur argentin jouant le rôle de l'informe est quand à lui exceptionnel, ne parlant quasiment pas du film et montrant son talent par de simples gestes.
Les effets spéciaux quand à eux, sont d'une rare qualité visuelle pour une production française, en particulier l'ouverture dans les tranchées, ou le réalisme de l'horreur de la guerre est à son paroxysme.
Visuellement, la photographie est ce qui se fait de mieux en 2017 ; des plans larges, centrés sur des objets commun. Une qualité visuelle époustouflante.

Au revoir là-haut est un véritable chef d'œuvre, un poème shakespearien au dénouement tragique, qui donne une leçon de vie et surtout une idée sur le prix du sang versé pendant, ce qui est et restera, la pire guerre morale que le monde ait connu.

HunterXdoragon
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 100

Créée

le 28 nov. 2017

Critique lue 295 fois

HunterXdoragon

Écrit par

Critique lue 295 fois

D'autres avis sur Au revoir là-haut

Au revoir là-haut
Subversion
4

Adieu

À vrai dire, je n'avais même pas envie d'écrire sur ce film, qui ne m'intéresse pas outre-mesure. Mais voyant une déferlante de critiques élogieuses, j'ai quand même eu envie d'apporter un...

le 28 oct. 2017

108 j'aime

21

Au revoir là-haut
Sergent_Pepper
6

Les rentiers de la gloire

Il a toujours été délicat de catégoriser de manière précise le cinéma d’Albert Dupontel. Si la comédie domine, le grotesque y côtoie souvent les grincements de la satire, et le baroque formaliste s’y...

le 3 nov. 2017

96 j'aime

14

Au revoir là-haut
Quentin_Pilette
5

Les méchants sont pas gentils parce qu'ils sont très méchants

Les spectateurs français attendaient un film de ce genre depuis tellement longtemps qu’ils n’osent pas bouder leur plaisir : enfin un film ambitieux où les 17 millions d’euros de budget se voient à...

le 31 oct. 2017

78 j'aime

22

Du même critique

The Walking Dead
HunterXdoragon
2

The LOLking dead

Bordel... Que dire? La première saison était très bien ainsi que l'arc du gouverneur. Depuis, la série est devenue d'une nullité affligeante. Ca tire en longueurs, du sang en veux-tu en voilà, des...

le 20 oct. 2017

3 j'aime

Les Heures sombres
HunterXdoragon
8

'God save Winston'

Après le, selon moi, décevant 'Dunkirk', nous revenons avec nos amis et voisins anglais lors de la seconde guerre mondiale dans cette œuvre dédiée à l'accession au 10 Downing Street de Sir Winston...

le 12 janv. 2018

L'Empire contre-attaque
HunterXdoragon
9

Et dieu créa Star Wars

3 ans après l'incroyable Nouvel Espoir sorti en 1977, la saga Star Wars prenait un nouvel élan avec l'empire contre-attaque, 2e du nom en sortie chronologique, 5e dans la chronologie de la saga. Ce...

le 23 déc. 2017