Chaque grand réalisateur se doit de créer son méta-film où il se met en scène, lui-même, ou son œuvre, dans une mise en abyme qui dévoile l’envers du décor.
Le regretté Abbas Kiarostami n’y échappe pas en proposant dans au travers des oliviers une subtile réflexion sur son travail, avec comme points principaux la question du décor, de l’espace, du mouvement, du son, de l’écriture (et donc l’oralité, pour lui), du casting, de la direction d’acteurs mais aussi en portant un regard quasi anthropologique sur son pays et ses mœurs et coutumes. Le tout avec l’humilité qui fut la sienne, à l’image de ses simples vases posant le décor ou de ces femmes édentées recueillies au bord de la route, humilité qui atteint comme souvent chez lui l’universalité – ce dont seuls les plus éminents démiurges de ce monde peuvent se targuer.
Puis, sous l’apparente simplicités des événements, Kiarostami se livre dans la partie finale à un exercice de style narratif aussi jouissif que complexe au cours duquel il entretient un savant dialogue entre la fiction jouée et, si je puis oser cet oxymore, la fiction réelle (niveau métadiégétique) où se noue l’impossible relation entre la belle fille instruite et le simple maçon analphabète - pur moment de plaisir.
Du grand art.