Après les claques que furent Blue Ruin et Green Room, le talentueux Jeremy Saulnier s'attaque pour la première fois à une adaptation de roman et débarque sur Netflix pour un nouveau thriller. Exit le décor chaud de la Virginie, terminés les loges crasseuses de l'Oregon, l'intrigue d'Aucun homme ni dieu se déroule dans les plaines enneigées de l'Alaska où un spécialiste de la faune sauvage est appelé à l'aide pour tuer un loup responsable de la disparition d'un gamin. Sa mère, étrange et déboussolée, va l'entrainer dans une spirale infernale...
Écrit par l'acteur fétiche du réalisateur, Macon Blair (qui octroie naturellement un petit rôle), ce scénario à strates souffre malheureusement d'un trop-plein d'intrigues, inconsistantes et brouillonnes, rendant peu à peu le long-métrage déplaisant. À l'image de son histoire par moments incompréhensible, notre héros (Jeffrey Wright, un brin paumé) va s'aventurer dans un traquenard sans fin où, pris au piège (pour on ne sait quelle raison), il va devoir autant se creuser les méninges auprès d'un policier fatigué (James Badge Dale) que d'essayer de survivre à une menace impitoyable revenue de la guerre en Irak (Alexander Skarsgård, monolithique au possible).
Comme une pelote de laine avec laquelle jouerai un chaton hyperactif, Aucun homme ni dieu va dans tous les sens, incapable de clairement proposer une intrigue limpide, alternant entre survival raté, chasse à l'homme intéressante mais mal fichue et même slasher par instants. Trop long, parfois clairement étrange, contenant bon nombre de séquences à la limite du compréhensible (l’interminable quoique jouissive fusillade), le quatrième film de Jeremy Saulnier est une amère déception, sauvée in extremis par la beauté de la mise en scène, comme d'habitude soignée, et les décors enneigés du Canada.