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Drole de film, adapté par Jeremy Saulnier, du sombre roman de William Giraldi.


Bizarre, car refusant d'expliquer simplement ce que le roman dit pourtant clairement, ce qui laisse le spectateur frustré par une fin qui ouvre beaucoup plus de questions qu'elle n'offre de réponse.


La clef est pourtant donnée à plusieurs endroits du film


La ville ou se deroule l'action est un endroit bestial, une communauté oubliée des hommes (ses rapports violents avec la police, l'inceste entre frere et soeur "je l'ai toujous connu", le fait qu'ils aient "les mêmes yeux" ou la photo qui traine) mais aussi des dieux (le culte des loups, pas assez devellopé) - cf le titre


Et parce que l'animalité prend la dessus, parce que la civilisation se dérobe, que rien ne la remplace, les meurtres d'enfants sont le fait d'hommes - et de femmes - redevenus des loups, sans conscience sinon celle de la survie d'une meute (cf la scene avec les vrais loups).


Cela permet de comprendre pourquoi la petite fille qui a disparu précedemment, a manifestement été tuée par son propre pere - d'ou le depart de la mere - et son "sacrifice" lors de la bataille homerique avec les forces de l'ordre.


Cela explique pourquoi la mere a tué son propre fils, enfant incestueux, pour le "delivrer" de la noirceur des lieux - "hold the dark - retenir les tenebres"


Reste que, à force de ne faire que suggérer, sans dire simplement les choses, Saulnier fait le choix d'un film long, qui part dans beaucoup de directions sans vraiment en choisir une.


Les paysages sont somptueux, le casting parfait, et certaines scenes derangeantes - le bain de la mere et sa suite sont malsains au possible.


Le propos aurait mérité d'etre plus clair sur le sous-jacent et Saulnier aurait du faire un choix narratif plus limpide ; étude sociologique, film fantastique, survival, il y avait un choix non fait qui laisse le spectateur plein de belles images - ou cruelles images - sur le bord de la route


En écrivant je viens de comprendre pourquoi jeffrey wright survit, sa proximité intellectuelle avec les loups en fait un membre de la meute, cf la scene avec les vrais loups qui refusent de l'attaquer


Bref un talent évident de mise en scene, mais un scenario trop opaque pour rappeler cette évidence, la bete est cachée derriere chaque homme.

atthegates
6
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le 29 mars 2020

Critique lue 96 fois

atthegates

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