Beaucoup de bonnes choses dans ce petit film de SF espagnol. Beaucoup de bonnes intentions aussi qui ne se sont pas toutes réalisées. Mais un bel effort. "Automata" nous propose un monde dévasté par des radiations solaires. Il reste à peine 25 millions d’êtres humains, disséminés dans des villes qui affrontent un désert inhospitalier et radioactif. L'essentiel de la population du monde est composée de robots. Des machines pacifiques, programmées pour respecter l'homme et le servir. Mais cela pourrait changer...


Antonio banderas donne une chouette prestation dans ce film inattendu, où il joue le rôle d'un agent d'assurance qui travaille pour la grande corporation qui fabrique les robots omniprésents. Un jour il doit enquêter sur un robot qui semble avoir été modifié illégalement. Et c'est là la bonne surprise, au lieu de jouer sur une possible violation des lois d'Asimov, "Automata" propose une nouvelle loi de la Robotique qui prévoit qu'un robot ne peut chercher à évoluer. Il pose ainsi le problème du "libre arbitre" chez les robots plus que leur potentielle dangerosité. Et ça, c'est très intéressant. Commencé comme une enquête policière, le film se développe ainsi vers des thèmes plus profonds qui iront jusqu'à englober un parallèle entre la naissance prochaine d'un enfant et celle d'une nouvelle AI.


Le contexte du film (une ville fortifiée, avec son bidon-ville très "District 9" à l'extérieur) est bien vu mais les personnages annexes (les policiers, les ripoux, le patron de Banderas, les méchants), sont un poil caricaturaux. Les robots, eux, sont très bien je trouve. La réalisation du film est en effet soignée, sans être grandiose, et si à aucun moment on n' est bluffé par la CGI, on ne voit guère de défaut à l’ensemble. C’est un film plus atmosphérique que spectaculaire. Ca nous change.
Ce qui est dommage c'est que pour assurer le spectacle, Ibanez va greffer sur sa société post-apocalyptique une espèce de western-spaghetti dans le désert, où notre héros agent d’assurance (oui, c'est peu glamour...) devra affronter les corrompus de la Big Corporation. C'est bien maladroit tout cela, et je dois dire que la confrontation , qui manque singulièrement de rythme ou de plausibilité, distrait trop du propos original (homme / machine), sans vraiment apporter grand chose.


Une bonne surprise que ce film plein de bonnes idées, correctement réalisé, qui souffre d'un scénario original pas assez exploité, avec un final qui ne convainc pas vraiment mais propose des pistes de réflexion intéressantes (mais pas inédites) sur le thème du robot. Mais je ne peux que le recommander, car ce n'est pas tous les jours qu'un film européen s'attaque à ce genre, et celui-ci fait son travail honnêtement.

nostromo
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le 29 juin 2015

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