Thanks to that subtle, continuous rhythm, that music, that incessant tap-tap.

Julian Schnabel (Le Scaphandre et le Papillon) s'est un jour dit : "Tiens si je faisais un film sur Cuba en prenant des acteurs du cru !". Et c'est ainsi que Johhny Depp et Sean Penn ont pu perfectionner leur accent espagnol...

Au-delà de cette recherche de la star qui joue finalement deux minutes, et un petit côté linéaire, passant en revue les moments importants de la vie du héros comme des figures imposées, propre à tous biopics ou presque, le film du réalisateur américain est aussi une magnifique œuvre qui a su capter l'esprit de son personnage, Reinaldo Arenas, écrivain cubain et homosexuel, ce qui, dans la vie, n'est pas la combinaison la plus gagnante du monde.
Parsemant l'action de moments contemplatifs à la beauté esthétique certaine et bercés par les écrits d'Arenas, la caméra de Schnabel trouve dans la performance de Javier Bardem un sujet tout aussi beau que l'océan qui fascinait l'écrivain, ou les hauts arbres peuplant l'intérieur des terres et qui ouvrent le film. L'acteur espagnol établit par sa gestuelle le compromis idéal entre féminité et peur d'être démasqué par les autorités, pas mal quand on voit que c'est quand même pas le mec le moins viril possible... Une inoubliable présence à l'écran, mais une présence lumineuse, l'Arenas de Bardem est un poète qui flotte légèrement au-dessus des autres Hommes, qui essaient tant bien que mal de le tirer à leur niveau, voire en-dessous, et y arrivent plus souvent que de nature.
Mais le film de Schnabel n'est jamais aussi puissant que lorsque ses protagonistes n'ont plus rien à dire, lorsque son image laisse le superbe score de Carter Burwell imprégner la nature ou les êtres, et que la scène semble n'être rien d'autre qu'un souvenir extrait en douceur de la mémoire de l'écrivain cubain et porté sur grand écran.

Une direction pleine d'à-propos de Schnabel, qui filme comme si il écrivait, laissant toujours la part à l'introspection, à la contemplation, au détriment du récit, et une immense interprétation de Bardem donnent à cette œuvre lente, lymphatique, ses galons de rare biopic à la fois didactique, original et personnel. Un très bon film.
lucasstagnette
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le 16 août 2011

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Lucas Stagnette

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