A la recherche des Pierres d’Infinité qui lui permettront d’acquérir un pouvoir sans précédent sur l’univers entier, Thanos (Josh Brolin) est en route pour la planète où se trouvent les dernières qui lui restent à récupérer : la Terre. Sur Terre, pris de court, les Avengers tentent tant bien que mal de s’organiser pour lutter contre le Titan fou. Mais le combat qui s’annonce est terriblement inégal…
On les a tous vus dans leurs films respectifs pendant 10 ans, voilà le grand moment où les studios Marvel décident de réunir tous leurs super-héros du MCU sur grand écran. Un grand moment, si on veut, sauf qu’en réalité, rien ne change. On ne se voilera pas la face, Avengers : Infinity War est exactement le même blockbuster ultra-calibré que tous ses prédécesseurs. Il faut dire qu’avec les frères Russo à la mise en scène, c’était le risque couru. Si leur mise en scène est loin d’être mauvaise, elle manque singulièrement du souffle épique qu’on était en droit d’attendre.
Filmant l’action de manière trop frontale, les deux frères peinent à dramatiser comme il se doit leurs personnages, refusant constamment la suggestion (n’est pas Gareth Edwards qui veut) au profit d’une mise en images somme toute très rudimentaire. Ce qui choque davantage, c’est surtout de voir à quel point les réalisateurs uniformisent toutes leurs scènes d’action, n’exploitant jamais les contraintes de leur décor. Que leurs affrontements se déroulent sur le toit d’une église écossaise, dans les rues de New York, sur une planète dévastée ou dans la jungle wakandienne, c’est toujours la même scène d’action répétée avec des personnages différents dans un cadre différent, sans jamais tirer parti des contraintes physiques de l’espace dans lequel se déroule le combat.
A cette image, Avengers : Infinity War s’avère donc un blockbuster très aseptisé, ce qui se reflète également dans un scénario sans grandes surprises (hormis celle, pas vraiment bonne, d’évacuer sans émotion du MCU son personnage le plus intéressant dans la scène d’introduction). Bien sûr, la scène finale semble témoigner d’une certaine audace, mais son impact se trouve considérablement limité par la quasi-assurance de voir revenir tous les personnages qu’elle fait disparaître dès le prochain volet... Ce qui ne l'empêche nullement d'être sans conteste la plus belle scène finale que le MCU nous ait offert, il faut bien l'avouer !
Fort heureusement, l’efficacité reste de mise, et quand on y pense, c’est finalement tout ce qui compte. Malgré une mise en scène sans grande saveur, les frères Russo s’y entendent toutefois pour nous offrir des séquences spectaculaires, aux effets spéciaux très réussis et où le divertissement est total. Un divertissement total, c’est en effet ce que propose Avengers : Infinity War, et en mettant l’accent sur les interactions entre les différents super-héros qui ne se connaissent pas, le film réussit à captiver efficacement l’attention de son public, et à ne jamais se perdre dans son fourmillement incessant de personnages, ce qui relève du tour de force quand on met en scène une cinquantaine de super-héros…
En outre, ces rencontres incongrues permettent à Marvel de distiller de manière toujours aussi sympathique son humour traditionnel, même si celui-ci s’avère forcé à plus d’une reprise (en général, les scènes avec les Gardiens de la galaxie). Dommage que cette légèreté constante se fasse au prix d’une noirceur finalement très superficielle…
Seul vecteur de cette noirceur qu’on aurait aimé plus présente, Thanos n’en est pas moins LA grande réussite du film. Sans nul doute le méchant le plus réussi de Marvel, il gagne en épaisseur grâce à la touchante relation qu’il entretient avec sa fille, culminant dans une des scènes les plus réussies du film, celle où Thanos se retrouve soumis à l’épreuve de la Pierre de l’Âme. Par la prestation sans failles de Josh Brolin, sensible sous le masque de CGI, Thanos est clairement la pierre d’angle sur laquelle tout le film se bâtit tant bien que mal (et plutôt bien). On est évidemment loin du drame shakespearien, mais avec ce méchant, Avengers : Infinity War réussit à ébaucher une piste dramatique assez soignée, qu’on espère toutefois plus poussée dans le prochain volet.
En attendant, cet Infinity War aura donc largement respecté les clauses de son contrat, avec une vraie générosité dans le grand spectacle, sans nous offrir beaucoup plus pour autant. Mais ça tombe bien, on n'en attendait pas plus.