Avengers Infinity War : Il ne peut en rester qu’un !

Dix ans après le premier Iron Man et presque vingt films plus tard, la machine Marvel Studios livre enfin son plus gros morceau avec Avengers : Infinity War, nouveau volet du plus gros rassemblement de héros à ce jour et pierre angulaire de la phase 3. Avec en amuse bouche et teasé depuis un moment, Thanos, le méchant ultime. De quoi rafraîchir un peu les choses ?


"J’adore quand un plan se déroule sans accroc" . La réplique culte d’Hannibal King pourrait presque être entendue dans la bouche du big boss de Marvel Studios, Kevin Feige. En dix ans et dix-neuf films, l’homme à la casquette a tranquillement mis en place un rouleau compresseur que rien n’arrête. Emportant au passage, stars, dollars et fans. Les critiques aussi. Mais moins. Car comme certains spectateurs, une forme de lassitude se fait sentir depuis quelques films. Une sorte de raz-le-bol face à un spectacle tellement bien huilé qu’il en devient sans surprise. Reste que le succès est tel que Marvel Studios et ses héros en collant ont redéfini l’art et la manière de faire un blockbuster. Un exemple à suivre, une normalisation à atteindre qui a été jusqu’à rattraper un modèle en la matière : Star Wars, saga elle aussi tombée sous l’étendard Mickey.
Autant dire qu’Avengers : Infinity War était attendu au tournant tant le film condense les attentes : Il se doit de fêter les dix ans du studio, de faire cohabiter le plus grand nombre de héros jamais vu dans un seul film, de faire oublier le décevant L’Ère d’Ultron, d’introduire le plus grand méchant connu de l’écurie Marvel et enfin de livrer un condensé de ce que le studio sait faire de mieux.


Ce n’est plus un secret pour personne, Thanos est à la recherche des pierres d’infinité depuis déjà plusieurs films. Après moultes échecs, celui que l’on surnomme le Titan Fou décide donc de s’y coller lui-même. Et quel meilleur moment pour frapper que celui où les Avengers se remettent de leur guerre interne qui les a éparpillé aux quatre vents. Les anciens (Iron Man, Captain America…) et les nouveaux (Doctor Strange, Spider-Man…) se lancent alors dans une course contre la montre pour arrêter l’inarrêtable alors que le sort de la moitié de l’univers est en jeu.


La première qualité indéniable de cet Infinity War, c’est qu’on a pas menti au public sur la marchandise. Longtemps annoncé, et donc fantasmé, Thanos est à la hauteur des attentes. Les frères Russo avaient promis qu’on comprendrait pourquoi le Titan Fou est le bad guy ultime dès les cinq premières minutes du film. Et c’est chose vraie. Le personnage campé par Josh Brolin apporte un danger qu’on avait encore jamais ressenti dans un Marvel. Du début à la fin, il se dégage un vrai sentiment d’urgence tout au long du film. Un spectacle sans temps mort où le principal antagoniste est le cœur véritable de l’intrigue. En faisant une petite entorse à l’histoire du personnage des comics, Infinity War lui apporte une vraie profondeur ainsi que des motivations palpables dans sa quête de destruction au bien d’un intérêt supérieur que lui seul perçoit et dont il est prêt à tout sacrifier en son nom. Comme tous les autres Marvel, le film reste parasité par un trop plein de fond vert (notamment les batailles d’envergure) mais le travail réalisé sur Thanos est à la hauteur du bonhomme : Titanesque. En plus de reconnaître les traits de Brolin, le comédien y apporte toute la force de sa voix.


Avec un travail fou fait sur Thanos, son Ordre Noir est un peu mis de côté, sacrifié dans un film qui compte une trentaine de personnages. Néanmoins les scénaristes ont fait du bon boulot, enchaînant les situations sans temps mort, faisant s’imbriquer les intrigues et interagir les personnages avec fluidité et logique. Pour leur 3e film Marvel après Le Soldat de l’hiver et Civil War, les Russo ont appris à jongler entre les personnages et leurs univers. Un énorme travail est donc fait pour respecter les réalisateurs des autres films. Comme l’approche faite aux Gardiens de la Galaxie et à James Gunn ou au Black Panther de Ryan Coogler. Le tout, évidemment, dans un cocktail d’action détonnant rarement atteint dans un Marvel. Il faudrait vraiment être de mauvaise foi pour dire qu’on s’ennuie devant Infinity War. Du spectacle qui n’oublie pas l’humour, toujours présent, parfois trop, mais qui sied à merveille à certains personnages. Comme avec les Gardiens, qui apportent un peu de légèreté dans cette gravité ambiante.


Bien-sûr, et c’est presque devenu une habitude, chaque Marvel s’accompagne d’un « mais » inévitable. Et Infinity War n’y échappe pas. C’est un reproche sévère vu l’ensemble et la façon de jouer entre les personnages, mais il reste indéniable que certains héros pâtissent de ce sur-nombre. Suintant le charisme comme jamais avec sa barbe, Steve Rogers (Chris Evans toujours parfait) et son équipe sont particulièrement mis en retrait. Même si ce bon vieux Cap’ à le droit à son plus grand moment de « badassitude » dans le film. L’humour, très Marvelien comme toujours, parasite aussi le film. Comme dans les retrouvailles entre Thor et Captain, où certaines répliques tombent à plat. Dans le genre déception, Bruce Banner/Hulk atteint des nouveaux sommets d’inutilité dans ce film. Une tristesse de voir un tel personnage servir uniquement de ressort comique parfois douteux. Un autre bémol vient avec une BO guère inspirée, qui repompe les thèmes existants sans rien réinventer de neuf et d’iconique.


Les derniers reproches sont sans doutes les plus importants et ils sont au nombre de deux. Tout d’abord les frères Russo et leur mise en scène. Si les deux hommes prennent une joie évidente sur ce genre de film, leur mise en scène ne déborde pas non plus de cinéma. Souvent brouillonne, notamment dans l’action, leur caméra peine à iconiser des personnages ou des moments. C’est tout simple, mais Joss Whedon y parvenait bien mieux le temps d’un 360° autour de son équipe où en les suivant le temps d’un plan séquence endiablé. L’arrivée de Thanos se prêtait à ce genre d’exercice mais il n’en n’est hélas rien.
Enfin, sous ces airs de conclusion en forme de cliffhanger, Infinity War enfonce le clou du drame au maximum et traumatisera sans doute bien des gamins. Reste que si le film s’assume dans ces 2h40 avec son lot de héros sacrifiés, on n’est pas dupe. Et c’est bien là le problème. Car comme tout film Marvel, Infinity War ne fait dans le fond qu’une chose : Annoncer la suite. Et donc cet Avengers 4 encore sans titre, 2e round contre le Titan Fou. Un film qui fait déjà regretter cet épisode qui a pris des risques, proposé de l’inédit. Pour mieux revenir aux vieilles habitudes ensuite ? Car comme dans les comics, les héros ne meurent jamais très longtemps. Et c’est fort dommage…


Générique de fin : Ticket ou Télé : Ticket Captain !
Pour ses 10 ans, Marvel Studios livre son blockbuster ultime. Un condensé over the top de ce qui a fait sa gloire et ses heures sombres. Avengers : Infinity War demeure un spectacle colossal où sa pléiade de héros trouve enfin un adversaire à sa taille. Durant 2h40, le film aligne les moments de bravoure sans ennuyer et prend même le risque de se vouloir véritablement dramatique. Un choix salutaire et qu’on pourrait presque saluer de « couillu » si la suite, trop évidente, n’était pas déjà écrite.


https://pellicules35.wordpress.com/2018/05/01/avengers-infinity-war-il-ne-peut-en-rester-quun/

Breaking-the-Bat
6

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le 1 mai 2018

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Valentin Pimare

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