Infinity War est en soi et instantanément un énorme morceau de pop culture, le premier volet du diptyque final d’un projet colossal qui s’est entendu sur 10 ans et une vingtaine de films. Une monstruosité cinématographie, délirante d’ambition, sans équivalent et qui n’en aura probablement jamais. La gageure était pour Marvel de traduire à l’écran la complexité et l’imbrication de comics relatant les exploits de super-héros très différents œuvrant à la fois sur terre et dans toute la galaxie, avant de tous les regrouper dans un épisode qui viendrait clore cette décennie super-héroïque entamée par Iron Man.
Si tous les films n’ont pas la même valeur et que l’on peut reprocher une systématisation de la « recette Marvel » au niveau des scénarios, aucun n’est totalement honteux et tous auront à leur échelle apporté une pierre à l’édifice de cette conclusion baroque et épique.
Car Infinity War est une réussite, un pari immense relevé avec panache par les frères Russo.
Evidemment et nécessairement, le film est spectaculaire. Mais pas autant qu’on aurait pu le croire. En choisissant d’éclater la story line et de séparer en petits groupes la soixantaine de super-héros présents à l’écran, les réalisateurs aèrent leur récit et évite l’écueil de la surenchère. Hormis la scène dantesque du combat au Wakanda, qui finira par rassembler tout ce beau monde, ce sont des affrontements à taille (sur)humaine qui se succèdent, où chaque héros peut miraculeusement s’exprimer. Chacun peut revendiquer son moment de bravoure sans qu’il n’entrave la bonne avancée d’une intrigue prenante et surprenante.
Souvent drôle (Star Lord et Thor, héritent des meilleures punchlines), parfois même touchant, intimidant par moments, Infinity War trimballe aussi son lot de drames, plus ou moins signifiants.
Mais surtout, et pour la première fois, Marvel réussit ses méchants (à part Loki, mais Loki, c’est Loki). Et ce n’était pas gagner lorsqu’on on découvrait ce gros bonhomme mauve en scène post-générique du premier Avengers. Entre-temps, les CGI ont progressé et Josh Brolin lui prête sa voix et ses expressions. Et c’est bien. Mais la grande réussite d’Infinity War est de lui conférer des motivations solides. Et terribles. Thanos est aussi effrayant que promis, mu par un destin et une mission auxquels il pense ne pouvoir se soustraire (et qui ne consiste pas simplement à buter tout le monde pour le plaisir et devenir maître de la Galaxie). Une complexité inattendue qui pourrait effectivement en faire le Dark Vador d’une génération. Même ses disciples de l’Ordre Noir sont très convaincants.
Infinity War est donc une éclatante réussite pour qui n’est pas encore repu de films de super-héros. Le film valide une politique et une stratégie entamée 10 ans plus tôt.
Mais à travers cet impressionnant final, on relèvera aussi la pertinence avec laquelle la maison des Idées s’est appuyée dès le départ sur des acteurs de premiers rangs pour incarner ses super-héros. Il fallait faire venir Scarlett Johansson, Elizabeth Olsen et Mark Ruffalo, alors plus habitués aux ciné indé, offrir une renaissance à Robert Downey JR, convaincre les très demandés Benedict Cumberbath et Chris Hemsworth, exposer au grand jour les talents comiques de Chris Pratt ou Paul Rudd et j’en passe. Au-delà de crédibiliser d’amblée son univers partagé, cet impressionnant casting garantit à Marvel une qualité d’interprétation toujours irréprochable, à même de donner un semblant de vérité aux situations les plus invraisemblables tout en lui permettant de proposer un film de 2h30 avec quasiment en permanence un acteur nommé aux oscars au second plan.
Ça non plus, ce n’est pas commun.
S’achevant sur un climax dramatique, stupéfiant et en même temps frustrant, Infinity War s’offre même le luxe de créer une attente folle pour son dénouement. Oui, un an, ça va être long.

Créée

le 4 mai 2018

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