Avengers: Infinity War par AntoineRA

N'y allons pas par quatre chemins, Avengers: Infinity War est sans conteste le meilleur film de Marvel à ce jour, même si on pourra effectivement lui reprocher de ne pas être auto-suffisant puisque, à l'image d'un finale de série, il nécessite la connaissance des films le précédant pour être apprécié pleinement. Ce statut de conclusion joue tout de même en sa faveur et permet ainsi aux frères Russo de réaliser des scènes absolument épiques et incroyables, véritablement dignes de planches de comics. C'est avec beaucoup d'audace qu'ils déroulent ce film, lui conférant une envergure impressionnante et s'autorisant des aboutissements inattendus.

Avengers: Infinity War ne suit pas le schéma narratif en trois temps conventionnel de nombreux blockbusters ou bien des films Marvel. C'est simplement 2h d'apocalypse de la part de Thanos - ultra-conquérant - et de ses enfants/lieutenants radicalement impartiaux. Leur redoutable et effrayante ténacité place une épée de Damoclès constante au-dessus de tous nos héros. Le galop d'essai qu'était Civil War se transforme ici en véritable symphonie super-héroïque pour les Russo. Les scènes de batailles sont démesurées, brillamment mises en scènes et bénéficient d'une lisibilité exaltante. Tous les héros présents ont leur moment de gloire (certains plus que d'autres), et leur utilisation au combat est très bien pensée. Les combats sont nerveux, ultra-dynamiques et ingénieux. On se rappellera très longtemps de ces combinaisons super-héroiques bluffantes que l'on croirait directement tirées des pages de comics, et de ces mano a mano brutaux. Un regret, toutefois, via Vision qui, bien que central à l'histoire, n'est pas exploité à son meilleur potentiel.

Bien sûr, les plus de soixante personnages promis n'ont pas tous un rôle phare, mais les voir partager l'écran aux côtés de ces innombrables autres figures qui ont jalonné le MCU ne rend le film que plus monumental. Quelques noms manquent encore à l'appel et devraient être grandement rattrapés sur le prochain film. Pour une œuvre aussi dense et fourmillante, le traitement des personnages est étonnamment équilibré, avec des moments très touchants, même pour certains seconds couteaux, et des charges émotionnelles très fortes, parfois aux moments les plus inattendus. Quelques persos bénéficient même d'un meilleur traitement ici que dans leurs aventures en solo. L'humour reste bien présent, mais heureusement en moindre mesure vu l'ampleur des évènements. On peut également saluer la cohésion des différents univers, notamment pour cette première rencontre entre les Gardiens et les Avengers, ainsi que l'inclusion du Wakanda et du Sorcier Suprême. Tout cela est bien entrelacé, et trouve écho dans la bande-son épique à souhait d'Alan Silvestri, qui relève sans mal les proportions titanesques du films, tout en mariant admirablement les différents thèmes cultes du MCU et les déviations musicales d'univers bien distinctifs.

Autre point qui élève le film au-dessus des dernières productions Marvel : ses effets spéciaux. Il reste quelques CGI où on peut pinailler, mais l'ensemble du long-métrage jouit d'effets spéciaux époustouflants, et c'est peu dire que les plans en (ab)usant sont nombreux. La qualité a vraiment été rehaussée et ces cohabitations entre décors naturels grandioses et mate paintings numériques peaufinés est parfaite. Les batailles aux milliers de figurants animés, les vaisseaux aliens, les différentes technologie de SF, le rendu des pouvoirs magiques, la motion capture,... tout est merveilleusement mis à contribution pour parfaire l’acabit de l’œuvre. Par ailleurs, la photographie de Trent Opaloch, sa gestion des lumières et des plans au cœur de l'action offrent un réalisme accrue de ces scènes à forts CGI et rendent les séquences bien plus viscérales. Somme de très gros moyens qui suivent les ambitions démesurées et décuplées des réalisateurs, cet ultime film Marvel, offre variété de scènes à travers tout l'univers. Tout cela, bien entendu, avec une immersion totale grâce à ce tournage entièrement en IMAX qui rend justice à toutes ces nouvelles séquences gigantesques. La 3D est également excellente et souligne parfaitement l'échelle gargantuesque du long-métrage.

Et, en fin de compte, avant d'être un film Avengers, c'est surtout un film sur Thanos. Cet antagoniste légendaire, teasé depuis la fin du premier film Avengers, est interprété par un Josh Brolin irréprochable. L'humanisation du personnage ne le rend que plus intéressant et aussi haïssable puisqu'il est borné à accomplir sa mission génocidaire en ayant pleine conscience des sacrifices nécessaires. Il apparaît alors comme l'antagoniste le plus complexe et redoutable du MCU et entraîne, dans sa quête morbide, une succession de climax ; autant de savoureux moments de bravoure que de défaites poignantes. Tout comme Thanos cherche l'équilibre, chaque victoire résulte en un revers cru au creux de l'estomac. Le rythme du film est superbement géré, le scénario se dessinant de concert avec l'action permanente. Avengers: Infinity War laisse constamment le spectateur en alerte, entre dénouements imprévisibles et retournements de situation malins ; les scénaristes se jouent des mécaniques habituelles de ce genre de film familial pour offrir une œuvre spectaculaire sur tous les points.

Comment apprécier, désormais, une simple autre production super-héroïque, après un film de cette envergure ? Les frères Russo ont véritablement accouché d'un monument cinématographique, un maître-étalon du cinéma de genre. Marvel réitère l'exploit de 2012 et, malgré des phases 2 et 3 majoritairement médiocres et copiées-collées, s'impose comme leader de son domaine. Cet Avengers: Infinity War, c'est une conclusion légendaire, la culminance des meilleurs éléments du MCU en une invitation aux visionnages multiples tant ce mastodonte est dense. Une œuvre sans précédent, inconcevable il y a dix ans, et que l'on voit difficilement égalable de sitôt tant elle est instantanément devenue hégémonique.