Après le carton planétaire du premier Avengers, dire que cette suite était attendue tient du doux euphémisme. Trois ans plus tard, que vaut cette nouvelle réunion alors que les Stark, Thor et autres Captain ont déjà sévit dans des opus voués à leur gloire personnelle. A nouveau reformée, l'équipe saura-t--elle répondre aux promesses qu'elle s'est elle-même fixée ?


Si L'histoire de ce Avengers reste balisée et n'apporte que peu de surprises, il faut reconnaitre à Whedon la volonté d'avoir tenté de creuser (disons rainurer) le background de ses personnages. Commençons par LA grosse déception : Ultron. Que se soit dans ses motivations, sa "psychologie" ou ses lignes de dialogues, l'IA boostée à la technologie extra-terrestre est constamment à la peine. Un méchant si insipide qu'il passe au second plan, laissant le champ libre aux querelles intestines avengeriennes. On regrette rapidement Loki et ses piques cyniques, qui pourtant n'était un méchant modèle.


Whedon a densifié son récit, gonfler encore avec l'injection de nouveaux personnages. Le ton est plus mature, l'ambiance plus sombre, de manière générale l'ensemble est moins à la déconnade malgré quelques instants "comédie" efficaces. Difficile de faire exister tout ce petit monde en seulement 2h20. Pourtant, contrairement au naufrage X-Men Days of futur past, la casse est limitée car chaque costume en révèle un minimum sur son porteur. Par le biais des visions de la sorcière rouge ou d'autres artifices, Whedon arrive à étoffer ses personnages sans oubli honteux. Coincer ces échantillons de drames humains entre les trames serrées de l'intrigue principale était un pari risqué que Whedon a su relever avec intelligence. Tout n'est pas sacrifié sur l'autel de l'action et même si l'équilibre est fragile il se dégage une belle cohérence de tout ce maelström qui accumule un passif d'une bonne dizaines de films du MCU.


On prend plaisir, même pour quelques minutes, à suivre la romance de certains, à extrapoler sur des théories technologiques, à faire un concours de lever de marteau... Pour tout dire, ce qui m'a le le plus manquer dans ce film, c'est ce lien d'amitié, de camaraderie. Partager un peu plus encore un quotidien, fait de simplicité, comme cette fantastique scène du lever de marteau qui fait écho à la scène caché du premier Avengers où nos héros mange au fast food. C'est ce décalage qui, je crois, m'a le plus fait défaut. Cette envie profonde de voir ce qu'il y a derrière le masque du héros, de sentir la légèreté derrière la gravité, la friabilité derrière le bloc.


En ce sens, le personnage de Hawkeye reste le plus réussi du film. Alter égo de Whedon lui-même, simple "humain" au milieu d'enjeux qui le dépassent complétement. Comme il le dit, il est là pour faire le job, rien d'autre. Cette résonance entre l'archer et le réalisateur m'a marquée car comme Whedon, Clint souhaite un retour à la simplicité, entouré des siens et d'un univers naturel. On se souvient de l'adaptation de Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien, réalisé par Whedon. Noir et blanc, théâtre, acteurs inconnus... un retour au source, à l'opposé de Avengers 2 et ses 250 millions de dollars.


Inutile de s'étendre sur les scènes d'action, elles marient lisibilité et spectacle total sans ajouter à l'esbroufe esthétisante. Le combat entre Hulk et Iron man n'est pas près d'être délogé du podium des combats de titans. Piégé par son casting trop étoffé, Whedon a quelques difficultés pour poser son cadre et le montage se permet des libertés parfois malheureuses. On devine des coupures sauvages et ne pas voir arriver une version longue du métrage en Blu-ray serait un non sens tant la narration semble par moment rédigée en morse.


Faisant directement écho au dernier X-Men en date de Singer, Whedon, lui, limite la casse de son opéra baston par une meilleure gestion de sa chorale. Dans un final qui laisse exsangue les rangs des avengers afin de mieux les reconstituer (Faucon, Vision, War machine, sorcière rouge), Whedon retire ses personnages pour faire place nette. A ses successeurs de reprendre des bases saines. Il n'est jamais bon d'avoir trop de super-héros, Singer en sait quelque chose...


J'ai envie de défendre ce film contre ses détracteurs peine à jouir. Bouc émissaire d'un Hollywood-Marvel arcbouté sur la pompe à fric, cet Avengers est un film de divertissement plus qu'honnête qui ne révolutionnera pas le genre mais dans lequel Whedon s'est investit. Moins honteux que les derniers Marvel estampillés Spider-man ou X-men (et je parle pas du canular Gardien de la galaxie), ces avengers arrivent encore à faire jaillir des émotions, même primaires, comme le premier Avengers ou Pacific Rim. Un plaisir coupable certes. Mais un plaisir bien réel. Alors merci Josh de ne pas avoir bâclé le travail. J'attends la version longue avec une pointe d'espoir.


PS. Vu en 3D. Toujours aussi inutile et pourrissant la lisibilité de l'action. Fuyez, fuyez le port de ces infâmes lunettes.

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le 24 avr. 2015

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Alyson Jensen

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