Avril et le Monde truqué, l’animation à la française

Dans un monde où les scientifiques disparaissent mystérieusement, Avril, sans nouvelles de ses parents chimistes depuis dix ans, apprend que ceux-ci sont toujours en vie. Elle se lance à leur recherche.

Comment serait le monde si l’électricité n’avait jamais été découverte ? C’est le point de départ de cet univers rétro-dystopique, bloqué à l’ère du charbon et de la vapeur. Les ressources en charbon s’épuisant, le bois devient la nouvelle source d’énergie principale, entraînant une déforestation planétaire et une guerre mondiale pour l’exploitation des forêts canadiennes.

Le désastre écologique, toile de fond de cette histoire, imprègne les décors d’Avril et le Monde Truqué : les immeubles sont gris, le ciel est noir, les machines fument en permanence, le monde suffoque.

Cela n’empêche pas l’animation d’être très réussie, grâce aux dessins reprenant l’univers graphique de Jacques Tardi, grand dessinateur français de bande dessinée (Adèle Blanc-Sec). Une alternative bienvenue au tout numérique des studios d’animation américains.

L’action se passant essentiellement à Paris, on prend plaisir à comparer cette capitale imaginaire avec la réalité. Comme cette deuxième Tour Eiffel, qui sert de station de téléphérique, ou cette immense statue de Napoléon III en lieu et place du Sacré-Cœur.

Car dans cette uchronie entre Jules Verne et Miyazaki, la France est toujours un Empire, gouverné par les descendants de l’Empereur après la mort accidentelle de Napoléon III peu avant la guerre franco-prussienne de 1870... Qui n’a finalement pas eu lieu !

Le contexte historique et environnemental et la qualité des graphismes font toute l’originalité de ce très joli film d’aventures, qui multiplie les clins d’œil à l’Histoire de France et à celle des grands inventeurs. Vous pourrez ainsi vous amuser à reconnaître Albert Einstein, Alexander Fleming et d’autres savants parmi les personnages secondaires.

Cerises sur le gâteau, les voix de Philippe Katerine, parfaite dans le corps d’un chat malicieux et bavard, et de Jean Rochefort en tendre grand-père.

Cristal du meilleur long métrage au festival international du film d'animation d'Annecy en 2015, on regrette fort qu’Avril et le Monde truqué n’ait pas trouvé le succès en salle : seuls 117 800 spectateurs ont eu la chance de le voir sur grand écran. Largement insuffisant pour assurer la rentabilité du projet, qui l’aurait pourtant amplement mérité.

Le film est néanmoins disponible sur Netflix, alors autant en profiter !

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