Que l'on ne s'y trompe pas malgré une note a priori sévère. Azur et Asmar est très recommandable. Les spectateurs enchantés par l'esthétique de Kirikou la retrouveront avec plaisir, même avec l'apparition de la 3D. Le style de Michel Ocelot reste le même, avec une mise en scène où se superpose plusieurs plans en 2D, en plus de jeux ambitieux sur les perspectives. Les aplats de couleurs sans textures des personnages donnent un style singulier et servent aussi le propos, quand Azur avance par exemple en plein soleil se rendre chez la princesse muni de son immaculé vêtement blanc, où il brille tel un soleil.


La musique, et principalement la berceuse, pleine de grâce, supporte et caractérise encore plus l'identité visuelle du dessin animé, où s'entrelacent les délicieuses paroles arabes et françaises pour les deux enfants. Douce langue arabe, qui sera présente dans le film sans être traduite, interrogeant habilement le spectateur sur son propre rôle d'exclu et suscitera habilement son envie de connaître l'autre.


Car c'est bien d'union dont il s'agit. Pas tant cette recherche de l'amour qui motive les deux frères de lait, mais bel et bien cette profonde amitié et cette confiance fraternelle.
Sorti en 2006, le film est un formidable objet pédagogique pour les enfants mais aussi pour les adultes, qui, par les temps qui courent, seront ravis de se voir rappeler tout ce qui crée des tensions entre deux civilisations sœurs et, par extension, entre ces deux frères : la superstition, les préjugés, l'amertume, la jalousie, le racisme, l'intolérance.


C'est par un chemin initiatique que les deux frères séparés se retrouveront finalement, sans que l'on puisse déterminer le gagnant : "ils sauveront la fée des djins et tous les deux seront heureux, seront heureux" comme le dit la berceuse chantée par leur mère.


Cela étant dit, on ne peut s'empêcher de trouver le récit un peu faible par moment, tant la belle leçon de morale se transforme parfois en cours de morale, où l'on vous martèle ce message de tolérance jusqu'à plus soif. Qui plus est, la fin se dénoue avec un élément scénaristique sorti du chapeau afin de conserver un politiquement correct un peu plat, qui échouera sans doute à faire évoluer les mentalités plus que quelques jours des têtes dures, et ne fera que convaincre encore plus les convaincus.


Quoiqu'il en soit, Azur et Asmar est un film utile quelque soit l'âge.

numerimaniac
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 25 janv. 2012

Critique lue 2.8K fois

15 j'aime

4 commentaires

numerimaniac

Écrit par

Critique lue 2.8K fois

15
4

D'autres avis sur Azur et Asmar

Azur et Asmar
numerimaniac
6

Conte sur la tolérance

Que l'on ne s'y trompe pas malgré une note a priori sévère. Azur et Asmar est très recommandable. Les spectateurs enchantés par l'esthétique de Kirikou la retrouveront avec plaisir, même avec...

le 25 janv. 2012

15 j'aime

4

Azur et Asmar
Addryu
7

Un vrai conte pour (grands) enfants

Azur & Asmar, à l'inverse des grosses productions ricaines toutes plus bruyantes les unes que les autres, est d'un calme et d'une finesse rares et précieux. Loin des standards abrutissants qui...

le 12 nov. 2011

9 j'aime

Azur et Asmar
Thesaurus
8

Un conte très bien mené !

Un superbe conte intelligemment raconté ! Ce que j'ai aimé dans ce film : 1. Le jeu des couleurs, l'esthétique en général ! Par exemple : Au début les enfants sont de part et d'autre de l'écran...

le 19 févr. 2012

6 j'aime

1

Du même critique

Splice
numerimaniac
7

Uncanny Valley volontaire

Splice a pas mal de défauts de réalisation, comme des acteurs qui semblent désincarnés (Brody, qu'est-ce qui t'arrive?), des scènes aussi clichées qu'attendues ou des éléments scientifiques...

le 10 nov. 2010

52 j'aime

10

De l'inégalité parmi les sociétés
numerimaniac
9

Réponse à une question essentielle

De l'inégalité parmi les sociétés, en Anglais connu sous le titre de Guns, Germs & Steel (et que j'ai lu en version originale) est un livre écrit par Jared Diamond qui s'attelle à la question...

le 10 déc. 2010

27 j'aime

1

Tabou
numerimaniac
9

Changer la société sans révolte

Tabou est la dernière œuvre cinématographique de l’un des réalisateurs les plus engagés au Japon, ayant fait de ses films des armes politiques : Ôshima Nagisa. Le tabou, c’est l’arrivée dans une...

le 18 avr. 2014

25 j'aime

1