Évidemment, il est assez étonnant de voir BAC Nord s'emparer d'une affaire qui n'a pas encore été jugée et d'en offrir une version sinon complaisante pour ses protagonistes, tout du moins compréhensive vis à vis des agissements d'un trio de flics peu enclin à respecter la légalité. Le film se place résolument du côté de ces "justiciers", c'est sa vision des choses, mais plutôt que de polémiquer, il vaut mieux se forger sa propre opinion et juger sur des critères purement cinématographiques. De ce côté là, l'efficacité à l'américaine prime, avec en point d'orgue des scènes d'assaut fortes en adrénaline. BAC Nord montre des flics qui usent d'armes de voyous pour combattre les trafiquants de drogue, ce n'est pas en soi une nouveauté au cinéma, et Cédric Jimenez réussit assez bien le portrait humain de ce groupe de policiers, accordant la place adéquate à leur vie privée (pour mieux les comprendre ?) puis à leur déchéance dans une dernière partie du récit qui fait à peine retomber la tension même si elle est sans doute moins empreinte de réalisme et moins incarnée par ses trois principaux interprètes, par ailleurs assez remarquables. Est-ce que c'est un film qui donne un image tronquée de certaines banlieues, vues comme des zones de non-droit lesquelles, selon leur définition sont " des espace au sein desquels des groupes plus ou moins organisés s'opposent par des actes délictueux à l'application de la loi, notamment pour développer une économie parallèle fondée sur des trafics." ? Encore une fois, le film suit l'action au quotidien de ces policiers et leur propre ressenti des situations, qui s'apparentent à une guerre sans merci. C'est le choix du réalisateur, qui n'offre pas de contrechamp. Ériger le film en réflexion sociologique n'est sans doute pas le but premier de Cédric Jimenez mais, avec la polémique qui s'en est suivie, il a sans doute gagné des spectateurs supplémentaires. Lesquels se feront leur propre avis en âme en conscience, en cinéphiles autant qu'en citoyens. Le fait est que si BAC Nord était mal fichu, on en parlerait sans doute moins, que cela soit pour l'encenser ou le fusiller.