Un monde à part que celui des cités de la cité phocéenne. Mais c'est surtout la vision des flics que nous donne à voir le film, sans pour autant tomber dans la binarité. Tout le monde lutte ici. La violence est frontale, inévitable, quotidienne, chacun fait comme il peut avec les moyens qu'on lui donne. Ce n'est pas une réalité belle à voir et c'est en ça qu'elle est rafraîchissante, bien que triste et éprouvante pour les cœurs d'artichaut de mon niveau, mais il y a y compris dans la violence et la confrontation perpétuelle une profonde humanité, et je l'ai trouvée particulièrement palpable dans ce que nous donne à voir Cédric Jimenez.
Au fond, l'affaire à l'origine du film semble être surtout un prétexte pour raconter l'histoire de trois hommes qui, baignant dans un climat de tension où la démonstration de force est devenue une condition sine qua non pour imposer son autorité, aiment à flirter avec une violence illégitime et souvent incontrôlable.
Difficile de continuer à trouver du sens à un métier qui ressemble de plus en plus à un outil médiatique et politique, quand on espèrait être utile à la nation. Les quartiers nord semblent ici perdus au bénéfice des trafiquants, et la routine des arrestations des petits bonnets de la délinquance faute de mieux mine le moral des troupes. Alors quand il s'agit de frapper un grand coup dans la fourmilière, marquer l'histoire, on est prêt à répondre aux ordres, et tant pis si la hiérarchie n'a pas les moyens de préserver ses soldats. La fin de la partie n'est pas belle à voir, chacun tiendra à préserver ses intérêts et il sera difficile de leur en tenir rigueur.
J'ai aimé l'intensité, l'esthétisme de certaines scènes, l'utilisation de la musique et le relief donné à tous les protagonistes de cette histoire.
Mention spéciale à Kenza Fortas que je découvre et que j'ai hâte de voir dans des rôles plus développés. Cette actrice ressemble à une jolie promesse.