On ne peut absolument pas nier que « BAC Nord » soit une réussite sur le versant du film policier nerveux et musclé. C’est un fait et cela prouve que quand le cinéma francais se donne la peine et les moyens, il n’a rien à envier à ses homologues américains ou sud-coréens pour ne citer que deux exemples. Le film a cependant - et malheureusement - fait parler de lui pour les idées et le fond qu’il véhiculerait. Alors oui, c’est sûr que c’est un film qui semble soutenir les policiers et se ranger de leur côté, mais de manière nuancée tout de même. En effet, la bureaucratie, la culture du chiffre pour satisfaire le Ministère et le manque de moyens sont épinglés et les policiers de la BAC sont montrés comme fatigués, impuissants et à bout de souffle. D’un autre côté il est vrai aussi que les cités sont représentées comme des zones de non-droit et le constat divulgué ici est moins nuancé les concernant : une jungle de gangsters sans foi ni loi, des zones irrécupérables abandonnées à la violence et aux trafics en tous genres. C’est un choix de la part des scénaristes et du réalisateur mais un choix qui se défend, la réalité étant certainement très proche de ce qui est montré ici. Un peu comme pour « Les Misérables », acclamé partout, mais qui lui se mettait plutôt du côté des banlieusards et qui était tout aussi réussi. Plus édifiant et impressionnant même. En somme, un sujet similaire mais deux points de vue différents et tout aussi légitimes, comme si « BAC Nord » était le droit de réponse d’une police exsangue à « Les Misérables » et son cri d’alarme sur les l’état des banlieues et la détresse de ceux qui y vivent. Les deux se valent et sont deux faces d’une même pièce. Mais de là à taxer le film de Cédric Jimenez de fasciste ou de pro-police, il y a un pas que nous ne franchirons pas pour se focaliser sur les qualités cinématographiques et de divertissement de « BAC Nord ».
En termes de polar, thriller, film policier ou d’action à la française, l’uppercut de Jimenez se range dans le haut du panier tant il n’a rien à envier aux films étrangers du même genre comme « Training Day ». C’est fort, c’est carré et ça nous scotche à notre siège non-stop. Après « La French », le cinéaste nous prouve une nouvelle fois qu’il est vraiment doué pour les films fortement dosés en testostérone. Sa mise en scène nerveuse est immersive et nous plonge tête baissée dans l’enfer de ces zones de non-droit. Et au réalisme se dispute régulièrement l’effroi social, notamment par le biais de passages qui s’apparentent à ceux d’un film de guerre, voyous et policiers remplaçant ici les soldats. La scène d’assaut dans la cité est étouffante, stressante et c’est un sacré morceau de cinéma tendu et ultra réaliste. Tout comme la tension qui règne lors de l’affrontement verbal entre une bande de délinquants et nos trois policiers voulant rentrer dans une zone dite interdite. Cela fait tout simplement froid dans le dos et on sent que la véracité crue de ce type de scènes est conforme à une réalité que beaucoup préfèrent ignorer. Lorsque « BAC Nord » se mue en dans sa dernière partie en drame carcéral et en dilemme moral, les acteurs laissent de côté les muscles et l’action pour laisser leur talent s’exprimer et à ce niveau Gilles Lellouche nous offre une composition enragée plus que mémorable. Son désespoir se ressent à chaque réplique et chaque expression de son visage, une composition d’une intensité rare. C’est donc un film musclé mais loin d’être bête et parfois proche d’un documentaire immersif qui, s’il peut amener une petite polémique inutile sur le fond, rassemblera sans peine tous les amateurs de films policiers musclés et réalistes.
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