Bab Aziz est un conte merveilleux et allégorique, qui vous plaira si vous êtes en quête de spiritualité, de voyage et de beauté.

Un vieux derviche aveugle et sa petite fille Ichtar doivent se rendre dans le désert, retrouver d’autres derviches pour une cérémonie. Afin d’y parvenir et d’éviter de se perdre dans cet impitoyable désert, tous deux doivent se laisser guider par la Foi et la main d’Allah. ( et non pas par une carte michelin ou un GPS comme le ferait n’importe quel quidam. (Ami sceptique je te vois venir !) )

Durant ce périple fantasmagorique, Ichtar et son grand père vont rencontrer tout un tas de personnages haut en couleur et découvrir des lieux et des instants magnifiques qui deviendront pour nous spectateurs de véritables paraboles dignes des plus beaux textes sacrés. Toutes rendent hommage au monde et à l’être humain dans ce qu’ils ont de mystique et de miraculeux et cela, accompagné par une B.O majestueuse composée par Armand Amar. (Mon passage préféré musical est celui de la femme qui chante dans la mosquée ! Sa voix, ses paroles, son visage composent un pur moment digne d’un chef-d’œuvre, parfaitement envoûtant.)

Parallèlement, Ichtar, la petite fille curieuse et pleine de vie, demande son cesse à son grand père de lui raconter des histoires autour du feu. Via ces contes, dignes des mille et une nuits, qui traitent de façon poétique des plus grands problèmes métaphysiques tels que la mort, la peur ou le désir, le spectateur est plongé dans une culture ancestrale extrêmement riche et chaleureuse. En ces temps difficiles où dans notre société française nous cherchons des ponts pour mieux appréhender la culture « arabe », ce film est une véritable aubaine parce qu’en plus de nous donner envie de nous intéresser à cette culture, il nous rappelle que quelle que soit notre origine, le lieu où nous vivons que nous sommes tous connectés par ce désir de nous élever, de chercher le beau, la spiritualité, l’ivresse des sens, et au fond, ce qu’il y a de plus grandiose dans l’existence. Je l’exprime mal, mais pour ceux qui verront le film, attendez-vous à ressentir des émotions extrêmement fortes en osmose avec les personnages alors que ceux-ci semblent avoir une vie totalement différente de la vôtre. Et cela, parce que les sentiments qui sont dégagés par ce film sont les essentiels et les plus profonds.

A vrai dire, vous le remarquerez assez vite, la trame narrative de ce film est parfois peu claire et l'on a tendance à se perdre, à ne rien comprendre. Cependant, j'ai l'impression que cela est fait exprès, car ce qui doit guider notre lecture, c'est simplement notre capacité à contempler, à essayer de saisir l'essentiel plutôt que de tout rationaliser comme on le ferait pour un film lambda. Ce serait un beau parallèle à faire avec ce duo des personnages qui pour arriver à destination ont choisi "l'instinct", "la confiance en dieu" (comme nous vis à vis du réalisateur) plutôt que la logique.

Les plans de vue m’ont rappelé certaines photos de Yann Arthus Bertrand, ou certains passages des films de Jacques Perrin. La couleur, la lenteur et les jeux sur les formes dominent l’esthétique de ce film si bien qu’on est totalement plongés dans cet ailleurs à la fois exotique et irréel. Par moments, j’avais l’impression de marcher moi aussi dans les rues de ces petites cités que les deux personnages traversaient et pouvais sentir l’odeur des épices, la chaleur du soleil, le sable sur mes joues. C’était si prenant qu’en sortant du film, j’avais l’impression d’avoir été en voyage pendant un mois.

Pour finir, et n’étant pas une assez bonne « écrivain » pour vous faire une critique convenable, je dirais juste qu’il y a de ces films qui sont un véritable univers, dans lesquels on rentre comme on voyage, en y recevant une empreinte profonde, et l’impression d’y avoir retiré une certaine expérience. Ce film pour moi appartient à cette catégorie. C’est une ode à la spiritualité, à l’amour et à la beauté et je vous invite à le regarder pour élargir vos horizons et votre cœur. (Ps : non je ne suis pas une putain de hippy, j’ai juste été très touchée par ce film.)
Mouchni
8
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Créée

le 17 mars 2015

Critique lue 832 fois

6 j'aime

Soso la bricole

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