Le cinéma d'Iñárritu se caractérise par la griffe de la mort,la souffrance : la gravité de l'existence, l'existence elle-même.
Mais il en échappe une lumière qui illumine le tout. Comment ça ?
Il faut attendre la fin,accuser les coups et lever la tête pour l'entrevoir " A mes enfants, les étoiles les plus brillantes lors des nuits les plus sombres" nous murmure le réalisateur qui n'est pas moins une dédicace qu'une nouvelle vision de Babel dans son ensemble et un précieux témoin de la pensée clairvoyante d'Iñárritu.
Dans Babel les destins se mêlent malgré la distance, les personnages se touchent par la mécanique des causes et des effets,laissant entrevoir la seule proximité : le désespoir humain. Ces personnages moderne ont tout d'une tragédie antique, sans le divin, car ce qui les caractérisent c'est leur double impuissance face aux évènements de la vie.
Impuissance extérieur et intérieur, c'est ce qui fait leur dénuement absolu.
Face à ce tableau noir, la morale n'est d'aucun secours,elle croule face à la complexité du réel, car ce qui entraînent les protagonistes liés dans la chute, c'est cette fameuse arme à feu, le Japonais aurait-il du ne pas offrir cette arme en guise de gratitude ?
Peu importe le chaos aurait eu un nouveau visage.
Iñárritu parle d' un monde où les hommes souffrent et ne sont pas heureux,mais cette vérité comme toutes les vérités est insoutenable,et "la noirceur" de ce film dérange parce que elle nous renvoie seul, en nous même surplombant la vérité de notre contingence.
Mais ceci est un constat illustrer par 2h23 de maestria cinématographique, et comme tout constat il est à prendre comme point de départ,car la grandeur d'un artiste se résume peut être à l'intensité de la lumière par laquelle il guide l'épopée souvent obscure de notre existence,et Iñárritu est d'un de celui-ci.
Le dernier plan du film est significatif tout comme la dédicace de fin,revoyons la japonaise désorientée,nue dans l'existence qui tend nerveusement sa main vers celle de son père pour lui signifier son besoin d'amour.L'embrassade qui suit est touchante car tous deux cèdent instinctivement à la chaleur de l'autre : les violons éclatent .Ils expérimentent ici une vérité féconde : celle du besoin de solidarité,d'amour entre les hommes pour se donner le courage de supporter et de faire face au malheur de notre condition,voilà la lumière.



damiensablayrolles
10

Créée

le 3 juin 2012

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