BABEL, l'Emotion Glocalisée

Le dernier film de Inarritu nous plonge avec succès dans une illustration mondialiste de l'incontrôlable théorie du chaos, une balle de fusil tenant lieu du battement d'ailes d'un papillon.

Babel est le dernier volet de la trilogie du réalisateur Alejandro Gonzalez Inarritu . Après "Amours chiennes" et ' l'excellent "21 grammes", Inarritu poursuit et signe dans le registre du puzzle des trajectoires face à la mort. Première compétition à Cannes l'été dernier, Inarritu remporte la palme 2006 du "Best Director", et celle méconnue du Jury Oécuménique. La photographie s'ancre dans le réalisme des situations, sans artifice.

A l'opposé du "Traffic" de Steven Soderbergh, où la colorimétrie différenciée soulignait la diversité des quatre unités de lieu, Inarritu ne cherche pas à éclairer le spectateur de façon ostensible, mais sensible. On plonge dans la détresse. On partage avec Chieko, la jeune Japonaise sourde, un spleen digne d'un zapping télévisuel ordinaire. Celui qui submerge de ses flots de noirceurs, de ses montées en épingle jusqu'à l'ultime cacophonie mediatico-politique internationale, Et Inarritu de brouiller les cartes en destructurant la temporalité de son récit. Diversité de lieux, diversité de temps. Le puzzle des séquences est palpitant. Inarritu nous place ostensiblement dans un trouble : il fait résonner l'émotion glocalisée.

Il étend le thème de la communication, en drape les protagonistes, chacun à leur échelle conflictuelle : le couple (Brad Pitt, Cate Blanchett) – la fille et son père veuf au Japon -, jusqu'aux dimensions sociétales et culturelles : Mexique et Etats-Unis – systèmes de pensée occidentale et simple beauté du Maghreb rural et musulman. A partir des théâtres locaux dans lesquels il ancre ses intrigues – va-t-il la sauver ?, qui est le criminel ? que cache son père ? va-t-elle sauver les enfants ? - Inarritu déploie la toile des relations entre ses personnages, liaisons d'affects forts qui se déchirent.

Dans sa forme, le film d'Inarritu nous dispose dans la cinétique chaotique de l' "hypermédialisation".
Dans le fond et la catharsis, la surenchère du destin semble nous appeller, nous secouer dans notre confort de nordistes, car le film nous pointe du doigt, comme si cette histoire pouvait arriver à chacun d'entre nous.

dja9
8
Écrit par

Créée

le 5 juin 2012

Critique lue 590 fois

Olivier Janin

Écrit par

Critique lue 590 fois

D'autres avis sur Babel

Babel
BrunePlatine
9

Cette obscure clarté

Alejandro Inarritu brille dans la noirceur, le drame, les situations insolubles. Il apporte aux tragédies qu'il dépeint une remarquable intensité - renforcée par des plans naturels d'une grande...

le 4 juin 2016

56 j'aime

7

Babel
XavierChan
9

Critique de Babel par XavierChan

On a reproché à l'œuvre d'Alejandro G. Iñarritu d'être bien trop focalisée sur un système de narration éclatée, impliquant plusieurs histoires différentes les unes avec les autres. Critiquée,...

le 27 févr. 2011

46 j'aime

4

Babel
Truman-
8

Critique de Babel par Truman-

J'ai longtemps hésité a voir Babel, non pas que le sujet ne m’intéresse pas car le synopsis m'avait vite tapé dans l'oeil . Mais comme Barry Lyndon que j'ai longuement gardé au chaud j'avais peur de...

le 20 févr. 2014

28 j'aime

4

Du même critique

The Recruit
dja9
7

Un personnage intéressant

Sa trajectoire au cours de la série. Son caractère engagé, ses décisions imprédictibles dictées par son instinct HQI. Les leçons qu’il en tire : n’écouter que son instinct l’engage plutôt vers les...

le 15 juil. 2023

Babel
dja9
8

BABEL, l'Emotion Glocalisée

Le dernier film de Inarritu nous plonge avec succès dans une illustration mondialiste de l'incontrôlable théorie du chaos, une balle de fusil tenant lieu du battement d'ailes d'un papillon.Babel est...

le 5 juin 2012