Qu'est-ce qui relie une famille de paysans marocains, un couple de touristes américains, une bonne d'enfants mexicaine et une adolescente japonaise sourde-muette?
A priori, rien. Mais Babel est un film qui montre que l'acte le plus insignifiant peut avoir de grandes conséquences, et que, comme le veulent les théories qui disent que chacun est relié à Madonna par maximum 5 autres personnes, et qu'un papillon qui s'envole en Inde déclenche un ouragan en Louisiane, tout est lié, et rien n'est vraiment prévisible.
En allant voir Babel, on ne sait pas ce qui nous attend. Le film n'est pas facile à résumer, car il montre 4 histoires différentes, dans des lieux différents, et des évènements qui paraissent gigantesques au spectateur, mais ne sont pas si exceptionnels.
Inarritu montre dans ce film un vrai talent pour construire une narration. Il imbrique les différentes histoires de manière qui paraît parfois surprenante, mais dont la logique apparaît au cours du film. La construction du film est parfaite, et elle permet au spectateur de toujours rester éveillé et attentif aux détails, à la trame des différentes histoires qui n'en font en fait qu'une, ainsi qu'à la concordances temporelle des évènements montrés, ce qui donne une meilleure appréhension de ce qui se passe. Babel montre que chaque détail est important, et cela vaut autant pour le film en lui-même que pour les actes des personnages.

Mais Babel n'est pas seulement un film sur la nécessité de bien réfléchie avant d'agir. C'est surtout un film sur la solitude, sur le fait de se sentir seul quand on est entouré de gens, et sur le désir de trouver sa place et des personnes qui nous comprennent. Ce sentiment d'aliénation est montré de façon presque violente dans l'histoire de l'adolescente japonaise, sourde-muette, qui doit supporter les regards et les remarques de toutes les personnes qu'elle croise, et qui brûle de nouer un lien avec une personne de la gente masculine, quelle qu'elle soit.
Mais on le ressent aussi chez les autres personnages, la bonne d'enfants mexicaine, le couple coincé dans un village perdu au fin fond du Maroc, les enfants marocains vivant presque en autarcie, et, même, le neveu de la première, qui, dans une tentative provocante et pas très réfléchie de montrer son existence et de s'affirmer, déclenche un des évènements majeur du film.

Babel n'est pas un film joyeux, ni porteur d'un quelconque espoir. C'est un film sur l'absurdité de la vie, et on pourrait même le résumer de manière crue avec la grande expression: "Shit happens".
Mais c'est aussi un film très beau, tant par l'histoire que grâce au jeu des acteurs, tous excellents (même Brad Pitt!), ainsi qu'aux paysages, très bien filmés par Inarritu.
Herma
8
Écrit par

Créée

le 9 janv. 2011

Critique lue 816 fois

9 j'aime

2 commentaires

Herma

Écrit par

Critique lue 816 fois

9
2

D'autres avis sur Babel

Babel
BrunePlatine
9

Cette obscure clarté

Alejandro Inarritu brille dans la noirceur, le drame, les situations insolubles. Il apporte aux tragédies qu'il dépeint une remarquable intensité - renforcée par des plans naturels d'une grande...

le 4 juin 2016

56 j'aime

7

Babel
XavierChan
9

Critique de Babel par XavierChan

On a reproché à l'œuvre d'Alejandro G. Iñarritu d'être bien trop focalisée sur un système de narration éclatée, impliquant plusieurs histoires différentes les unes avec les autres. Critiquée,...

le 27 févr. 2011

46 j'aime

4

Babel
Truman-
8

Critique de Babel par Truman-

J'ai longtemps hésité a voir Babel, non pas que le sujet ne m’intéresse pas car le synopsis m'avait vite tapé dans l'oeil . Mais comme Barry Lyndon que j'ai longuement gardé au chaud j'avais peur de...

le 20 févr. 2014

28 j'aime

4

Du même critique

Arrietty - Le Petit monde des Chapardeurs
Herma
8

Critique de Arrietty - Le Petit monde des Chapardeurs par Herma

Arrietty est la nouvelle petite merveille des studios Ghibli. La bande-annonce présente des images comme toujours extraordinaires, avec des dessins précis, beaux, et une musique entraînante, qui...

le 16 janv. 2011

48 j'aime

1

Hunger Games, tome 1
Herma
5

Critique de Hunger Games, tome 1 par Herma

Le nouveau livre préféré des teenageuses américaines en manque de sensations fortes et à la recherche d'un modèle. Le problème avec ce livre, c'est que l'histoire est exactement la même que celle de...

le 12 mars 2011

39 j'aime

11