Maroc, Mexique, Japon. Trois pays, trois cultures et trois histoires, distants de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres s'enchevêtrent, se croisent, se côtoient et se suivent mais s'en jamais s'interrompre ou s'entremêler. Dans ce long métrage Alejandro Gonzales Inarritù a volontairement juxtaposé des peuples aux traditions radicalement opposées au sein d'un même scénario, et ce en les tournant simultanément en temps réel ; ce qui est une première dans l'histoire du cinéma. Ce qui fait le génie de ce film est une continuité scénaristique cohérente entre le drame familial essentiellement sentimental au Japon [maquillé d'une histoire de suicide très intrigante et ambiguë], les bavures policières d'un groupe d'enquêteurs [du Maroc sur une pseudo attaque terroriste éclaircira une autre cause par la suite] et les problématiques migratoires [dans une zones de transit fortement intense en flux de trafic de drogue et de personnes sur la frontière mexicano-américaine]. Par ce film, le réalisateur interpelle la communauté internationale sur le rôle de la frontière et de son utilité économique et culturelle. Sert-elle vraiment à la conservation économique d'un pays ou promeut-elle une division politique radicale entre les peuples? Un message explicite y est évoqué : la recherche du bonheur et d'un Monde meilleur n'est certainement pas liée à la valeur économique ou la renommée d'une personne ou des célébrités [qui prennent des rôles tout à fait anonyme dans Babel], mais à la diversité même de l'humanité en ce qu'elle conçoit une richesse en elle même. Le film appelle alors à une constitution d'une humanité cosmopolite où le mythe de la frontière serait définitivement aboli car il n'y a rien de plus efficace pour refroidir les cœurs que l'éloignement géographique. Pour arriver à cette utopie il importe d'ajouter ce qu'il y a de plus humain en nous : dans la mondialisation froide de l'économie financière faisons une mondialisation des émotions.

Monsieur13000
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le 10 oct. 2015

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