Baby Cart : Le Sabre de la Vengeance est le premier des six films de l'adaptation de Lone Wolf and Cub de Kazuo Koike et Goseki Kojima, réalisé par Kenji Misumi et sorti en 1972 avec Tomisaburo Wakayama et Shigeru Tsuyguchi.


Avant de m'attarder sur le résumé, je vais remettre en contexte pour que vous compreniez la philosophie du Japon de l'époque :


L'histoire se déroule durant l'époque Edo, qui est une époque ayant commencé après la bataille de Sekigahara, avec la victoire de l'armée de l'est de Tokugawa Ieyasu au défaut de Ishida Mitsunari et son armée de l'ouest (bien que dans les faits, le chef de cette armée était Mori Terumoto, mais étant donné qu'il n'a pas combattu …).


Suite à cela le clan Tokugawa assoit son pouvoir et proclame en 1603, Tokugawa Ieyasu en tant que Shogun et sa première action, sera de faire tomber le clan Toyotomi (ancien clan du deuxième unificateur du Japon, Toyotomi Hideyoshi), qui à l'époque avait la plus grande fortune du Japon et un grand pouvoir au niveau de la cour quoique son chef soit encore très jeune (il n'avait que 10 ans), Ieyasu le craignait et il a attendu d'isoler les clans qui soutenaient le clan Toyotomi pour pouvoir lancer le siège d'Osaka, avec la mort de Kato Kiyomasa ; le médiateur entre les clans Tokugawa et Toyotomi le combat était inévitable alors en 1614, le clan Toyotomi utilisa sa grande fortune pour rassembler tous les meilleurs ronins du pays ainsi que les ennemis du shogun pour défendre le château d'Osaka et voir peut-être si victoire est, reprendre le contrôle du pays …


Le siège fut différé en deux campagnes : le siège d'hiver, qui fut remporté par l'armée Toyotomi grâce au château d'Osaka qui n'a pas volé sa réputation de château impénétrable et de certains ronins comme Sanada Yukimura et ses hommes pour ne citer que les plus connus !


Malheureusement, la deuxième campagne, celle d'été, sonna la fin du clan Toyotomi grâce au traité de paix qui avait été signé après la campagne d'hiver décrétant que les baraquements et autres défenses du château d'Osaka devaient être détruite contre l'arrêt des combats, mais dû à un recrutement encore plus massif en avril 1615, le clan Tokugawa se tient prêt à repartir à l'attaque et étant donné que les Toyotomi attaquèrent les Asano, les Tokugawa envahirent Osaka et réussirent cette fois à prendre Osaka à cause d'erreur stratégique, voilà comment la plus grosse menace du clan Tokugawa fut détruite (pour l'information Hideyori, le chef du clan Toyotomi se fit seppuku avec Sanada Daisuke, le fils de Yukimura et sa mère Yodo. Son fils, Kunimatsu fut capturé puis décapité à Kyoto à l'âge de 8 ans, après avoir critiqué Ieyasu).


Bref, durant l'histoire de Lone Wolf and Cub, le clan Tokugawa exerce son contrôle sur tous les Hans (ou fiefs) du Japon par plusieurs biais :



  • Le clan Yagyu, qui détient le poste prestigieux de maître d'armes de la maison Tokugawa, mais aussi un clan d'assassins, très influent et puissant. Ce clan possède une face publique, le Yagyu Omote, et une face cachée, le Yagyu Ura. Il existe aussi des sous-clans ayant des fonctions bien spécifiques. Le chef incontesté de la clique des Ura Yagyu est Yagyu Retsudo ;


  • Le clan Kurokuwa, un clan de Ninjas, épiant les Hans pour le compte du Shogun, les infiltrant pour étouffer dans l'œuf les rébellions contre le pouvoir central d'Edo ;


  • Le kogi kaishakunin, un titre signifiant à peu près « assistant chargé de mission ». C'est un Samouraï portant les armoiries du Shogunat (Aoi Go-Mon), chargé de l'exécution à Edo des Daimyos (seigneurs des Hans) contestataires - plus exactement, c'est lui qui est chargé de donner le coup de grâce une fois que le daimyo s'est fait Seppuku, ce qu'il fait en lieu et la place du Shogun (raison pour laquelle il porte ses armoiries, afin de symboliser le fait que c'est par la main du Shogun que l'exécuté est condamné à mort, mais aussi qu'il se voit accorder la miséricorde d'une décapitation rapide et d'une mort digne).



Ogami Ittō est le Kogi Kaishakunin du Shogun, et jouit alors d'une réputation considérable !


Cependant, le clan Yagyu parvient à massacrer son clan, exception faites de son fils Daigoro, et à le discréditer. Forcé de pratiquer le suicide rituel (seppuku), Ogami choisi de ne pas se soumettre, et s'engage dans la voie du meifumado (voie des démons, des assassins et samouraïs dès lors hors-la-loi) afin de venger son clan, sa femme et son honneur. Il emmène avec lui dans sa quête son très jeune fils, qui sera le témoin des innombrables massacres qui jalonneront leur longue vengeance envers les Yagyu.


Voilà le postulat de départ et le contexte, maintenant passons à la critique et après un tel pavé, je vais être bref, il faut voir ces films et / ou lire le manga, il s'agit d'une mine d'or sur l'époque Edo et le Japon de manière très intuitive, car c'est expliqué au travers d'histoires et pas au terme encyclopédique.


En effet, Baby Cart est une œuvre témoin d'une époque sombre d'un japon isolationniste où le contrôle du shogun est absolu grâce à un système bien rodé.


Sauf que le code du bushido et les valeurs ancestrales japonaises sont encore là !


Bien cachés certes, mais ils sont perceptibles lors des combats de bretteurs que certains proposeront à Ogami Ittō ou au sein de certains clans comme le clan Date, clan devenu légendaire grâce à son chef, Masamune, le Dragon Borgne d'Oshu et son second Katakura Kojuro !


Au niveau de la réalisation, Baby Cart a un découpage directement inspiré par celui du manga, on y retrouve les combats si impitoyables auxquels Ogami doit participer en dichotomie avec l'aspect méditatif des scènes d'exploration ou de passages dans les temples bouddhistes où le mu (qui est souvent traduit par le vide, alors qu'il veut réellement dire, le rien constant ou l'impermanence, ce terme du bouddhisme zen invite à faire un avec l'univers) est roi.


Au niveau des acteurs, le casting est convaincant, Tomisaburo Wakayama a le visage parfait pour jouer Itto et la subtilité de son jeu apporte un réel plus.


Sinon, La B.O est composée par Hideakira Sakurai et Kunihiko Murai et fait un compromis entre un son japonais et une manière de l'aborder plus occidentale avec des mélodies.


Pour conclure, ce premier volet de Baby Cart est un petit bijou du Chambara même si je lui préfère sa suite !

Albator_Larson
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le 1 août 2019

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Albator_Larson

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