Baby, écarte...moi d'un doute...
Ah ben c’est sûr, sans Misumi aux manettes c’est beaucoup moins audacieux tout ça. C’est moins barré, moins baroque, moins violent, moins jouissif, moins surprenant. Soyez prévenus.
Après tout, chacun sa vision d’une histoire et de ses personnages, et j’allai dire encore heureux que ça ne ressemble pas à du Misumi sans Misumi, parce que sinon deux Misumi ça ferait un soumis. Vous suivez ?
Ce que je veux dire c’est que ce n’est pas tant ce que l’absence de Misumi laisse à combler qui me gêne avec ce quatrième film, mais plutôt ses défauts narratifs assez rédhibitoires : les flashbacks et autres soliloques à consonance didactiques lourdingues, par exemple ; et la baisse de rythme qui en découle. Le temps accordé à des situations ou des détails ayant mérité ellipses et découpes, aussi.
Le résultat c’est qu’en plus de ne pas livrer son lot de combats ahurissants, de rencontres exotiques et de dangers toujours facteur de tensions suspendues, le récit qui nous intéresse ici prend le spectateur par la main comme un novice dans l’univers du Loup à l’enfant, et voilà une chose qui, au bout du quatrième film, s’avère plus qu’impertinente. Quitte à se démarquer des opus précédents et de leur artisan, autant explorer les différentes facettes des thématiques de la saga plutôt que prémâcher la narration d’une histoire déjà fort balisée de codes connus par cœur par un public déjà acquis.
Cependant il n’y a pas que du mauvais dans la copie de Saito. C’est quand même filmé plutôt proprement, et la volonté louable d’accorder un développement plus choral des protagonistes permet d’apprécier d’autant plus les scènes consacrées à notre duo de damnés, fussent-elles largement perfectibles. Daigoro est toujours aussi choupi, dommage que la mise en scène foireuse du seul moment où son personnage pouvait envoyer du bois transforme un mélange de force et de fragilité en une chose maladroite et presque risible (oui, je pense au défi en garde Suio Ryu). Pour les gourmands, il y a de la belle tatouée au menu, et on ne s’en plaint pas. Pour les gourmets, à peine un amuse gueule, pâle reflet de la scène finale du troisième film, à se mettre sous la dent.
C’est tout de même intéressant de voir notre japonais sans peigne préféré plus vulnérable qu’à l’accoutumé, et Saito semble aimer l’illustrer ainsi. Wakayama se secoue un peu la nouille, au passage ; gare au bambou dans le creux de la main !
Un Baby Cart passable, en deçà des précédents, mais loin d’être médiocre. C’est ce que l’on retient d’un passage à vide dont on devine la pénibilité sur les traits tirés d’un loup trop fatigué ici, même pour montrer sa queue.