Baby Drive

Prenez Drive. Mettez-le dans le micro-ondes d'Edgar Wright avec sa playlist, puis remplacez Ryan Gosling par Ansel Elgort (hein ?), ajoutez un "R" au titre et vous obtenez Baby Driver. Bon, c'est un peu exagéré, mais c'est un peu ça quand même.

J'avoue que pendant quelque temps je ne comprenais pas l'attente autour de ce film. Puis j'ai pigé : c'est à cause du réalisateur. En effet, Edgar Wright est célèbre pour des comédies déjantées : pour ma part, je retiendrai surtout Hot Fuzz et Shaun of the Dead. Et puis vu que le bonhomme n'a plus réalisé de film depuis déjà quelque temps, normal qu'il était attendu. Il est maintenant temps de vous livrer mon avis.

La première partie de Baby Driver est celle que j'ai le plus aimée. En gros, jusqu'au moment où il est décidé à se tirer avec sa copine. Ce n'est pas le premier film de braquage, mais c'est peut-être l'un des rares à montrer tout uniquement du point de vue du conducteur. Conducteur qui s'éclate sur les morceaux de musique qu'il écoute pendant que les braqueurs font leur job. J'avoue que l'entrée en matière du film est très bonne.

Puis vient l'heure du débriefing avec le patron (joué par le très bon Kevin Spacey), et là première déception : on apprend que Baby ne fait ça que pour rembourser sa dette. Dommage, j'aurais préféré voir un antihéros plutôt qu'un jeune qui passe pour un modèle de vertus, agit uniquement sous la contrainte, et tire la tronche pendant les 3/4 du film.

Parlons de Baby, tient. Il est interprété par Ansel Elgort, qui aurait crevé l'écran dans Divergente, à c'qui paraît. Bon, déjà Divergente... comment dire ? Allez, on peut sauver le premier. Puis surtout, pour moi le seul acteur digne d'intérêt dans cette saga c'est Miles Teller.

Je n'ai pas trouvé Ansel Elgort extraordinaire. Il parle peu, fait la tête, bref ça n'aide pas. Bon, c'est sûr qu'il y a des acteurs qui ont tellement la classe qu'ils n'ont pas besoin de parler pour être charismatiques, mais Ansel Elgort ne fait clairement pas partie de cette catégorie-là. Il arrive quand même à s'en tirer en jouant le type qui n'agit pas en héros sauf lorsqu'il est acculé...

Pour le reste du casting, c'est mieux. Les copains braqueurs jouent bien leur rôle, j'aurais d'ailleurs aimé voir un peu plus Jon Bernthal, qui disparait après le début du film. Quant à Lily James, on va dire qu'elle est pas mal.

Le film est sympathique, mais je dirai qu'il n'arrive pas à faire plus que ça. On connaissait Edgar Wright pour ses comédies : et bien là, vous n'aurez pas grand-chose à vous mettre sous la dent. C'est drôle surtout le premier quart d'heure. En plus, le réalisateur n'hésite pas à utiliser les grosses ficelles...

Le problème de Baby Driver, c'est que quand ça devient sérieux, il peine à faire du Drive. En gros, les personnages sont peu attachants. Du coup, on ne se sent pas trop concerné par ce qui leur arrive, et le film ne réussit pas à nous toucher.

J'ai toujours dit qu'un bon film est un film qui sait procurer de l'émotion. Là, c'est plutôt raté.

Par contre, les scènes d'action valent vraiment le coup, je les trouve bien filmées et meilleures que celles d'un Fast and Furious. Le pari de la BO mérite d'être salué, même si je me demande si on vraiment parler de BO. Je m'explique : en gros, le héros du film qui a le combo passé tragique + acouphènes écoute de la musique pendant presque tout le film, et le spectateur entend tout ce qu'il écoute. Quand il y a des dialogues, la musique est moins forte, mais elle continue quand même.

Alors je suis sûr que ça ravira beaucoup de gens ("Ouais, y'a ma chanson préférée !" / "C'est trop la classe !"), mais en quoi est-ce original ? Une BO, c'est aussi une création de musique, pas uniquement du copié-collé de la playlist d'Edgar Wright, non ? À ce titre, je préfère largement la BO de Dunkerque, qui dure également pendant quasiment tout le film, mais qui a le mérite d'être une vraie création.

Bref, comme souvent quand je mets ce genre de note, j'ai tendance à insister sur les points négatifs, ce qui n'empêche que ce film est potable, et qu'il comporte d'indéniables qualités. Mon verdict est donc mitigé, parce que pour moi Baby Driver ne dépasse pas le stade du simple divertissement.