C’est fou comment certains films n’ont pas besoin de beaucoup de temps pour nous faire comprendre qu’ils vont être d’un niveau nettement supérieur à la moyenne.
Pour moi, c’est clairement le cas de ce « Baby Driver ».
La seule introduction de ce film balance des leçons de cinéma, de maitrise, de créativité quasiment à chaque plan.
C’est léché, maitrisé, cohérent, signifiant…
Et tout ça coule si naturellement.
Pour le coup, on comprend vite qu’Edgar Wright entend se lancer dans un petit exercice de style un peu éloigné de ses « Cornettos » ; mais un exercice de style qui n’en reste pas moins totalement au service des sensations et de l’énergie.
Musique, montage, cadrage – et même chorégraphie – sont en totale osmose dans ce film, tout ça au service du cinéma…
D’ailleurs, c’est marrant, mais moi quand j’ai vu cette introduction, je n’ai pas pu m’empêcher de la mettre en parallèle avec celle de « La La Land ».
Pour le coup je trouve qu’avec ce « Baby Driver », Wright réussit ce que Chazelle a essayé de faire sans y parvenir totalement.
Parce que oui, pour moi, « Baby Driver » est une ode bien plus accomplie au rythme, à la musique et au mouvement que ne peut l’être « La La Land » lui-même.
Donc vous l’aurez compris : moi au départ j’étais clairement au taquet sur ce « Baby Driver ».
Exercice de style donc, mais exercice de style tellement abouti.
Franchement, je pense que j’aurais même pu lui mettre une meilleure note si le film avait su tenir la distance jusqu’au bout de ses deux heures…
Parce que oui – et c’est tout le problème des exercices de style – c’est qu’il faut être capable d’aller au-delà de la simple démonstration.
Au bout d’un moment, il faut être capable de lancer une dynamique.
Or, il n’y a pas trente-six moyens de s’y prendre pour cela.
Soit le film nous engouffre dans une exploration de son univers, nous en faisant sans cesse découvrir de plus en plus, ou bien il est capable de faire dire quelque-chose à son histoire…
Bon bah on va dire que c’est sur ce plan là que « Baby Driver » a quelque peu péché…
Franchement ça reste très beau et très léché tout du long et puis il y a quand même une petite histoire toute mignonne qui peut suffire à faire plaisir (ce fut notamment mon cas), mais bon…
Au final la plupart des bonnes trouvailles elles sont déjà présentes en début de film et quand on les retrouve plus tard, soit au mieux on kiffe
(moi je ne me lasse pas des scènes de poursuites de voitures),
soit au pire on peut se lasser
(les fusillades en rythme avec la musique, une fois ça va… Après… ça devient plus compliqué.)
...
D’une certaine manière, je pourrais presque dire que ce « Baby Driver » souffre de son excès de générosité.
C’est très dense. Y’a plein de musiques, de beaux plans, de belles bagarres…
Mais des fois – notamment sur la fin – on peut risquer l’overdose.
Ça manque d’équilibre ; d’une légère science de la sobriété.
Pour le coup, ce film aurait dû davantage s’inspirer de son modèle avoué : le « Drive » de Nicolas Winding Refn.
« Drive » aussi était un exercice de style. Mais il a su monter en intensité sur le long terme jusqu’à son final certes attendu mais remarquablement amené.
Là, le final est différent dans le fond, ce qui est cool
(et c’est même très malin je trouve de finir sur une note gentille, parce que pour le coup ça pose vraiment « Baby Driver » comme une version guillerette de « Drive »).
mais par contre ça aurait sûrement été bien de garder la même forme, notamment en terme de rythme.
Pour moi c’est un problème récurrent chez Edgar Wright : je trouve qu’il ne sait pas installer un climax pour ses fins.
Pour le coup, « Baby Driver » n’échappe pas à la règle.
Mais bon – franchement – quel menu problème au regard du déferlement de talent et d’énergie que nous propose ce film !
Donc oui, pour cette saison de vacances bien chaudes, je pense que « Baby Driver » a tout pour être mon coup de cœur de l’été...