Pas vraiment convaincul.
Le scénario est assez mal ficelé. Il faut passer deux casses avant de commencer les choses sérieuses : cette structure nuit grandement au film, surtout qu'on se retrouve avec un gros creux narratif en plein milieu du film. Beaucoup de scènes auraient pu être plus recherchées, plus folles, plus délirantes ; en fait, je suis déçu parce que c'est beaucoup trop sage contrairement à ce que l'auteur veut nous faire croire. Et puis l'humour ne prend pas beaucoup. Et enfin les personnages sont assez creux, cela se ressent sur la fin où leurs réactions paraissent parfois incohérentes. Baby est le plus naze de tous, il n'a pas grand chose pour lui (même l'aveugle est plus cool que lui) ; pire, il a ses flashbacks. Et puis son histoire qu'on nous raconte trois fois, parce que c'est tellement compliqué qu'il faut au moins ça pour que le spectateur comprenne.
La mise en scène permet de ne pas s'ennuyer. En suivant un rythme musical presque tout le long du film, l'attention du spectateur est maintenue sans grande difficulté. Malheureusement, au bout de quelques scènes le procédé lasse déjà, si bien que la musique s'évanouit pour ne plus laisser place qu'au bruit régulier d'un métronome. Là aussi j'ai trouvé le réalisateur sage, c'est trop rangé, trop gentil, trop classique, pourtant lorsque les personnages citent le morceau de Queen, on aurait pu s'attendre à au moins une scène où il se lâche vraiment, où il capture le rythme de manière surprenante. Mais non, Wright se contente de claquement de porte, de pas, de boum, de paf, de dialogues bien arrêtés. De plus il n'y aura qu'un seul plan séquence où le rythme est vraiment étudié sur le plateau et non grâce à un montage parfois facile et souvent redondant.
Wright a également de gros problèmes pour gérer l'espace. La succession de gros plans permet de tricher avec les distances, cela peut être utile pour certaines scènes d'action, mais ici c'est systématique, et ainsi les courses poursuites paraissent trop faciles parce que le spectateur n'a aucune idée de ce qu'est le terrain : un plan il peut être sur une route normal, deux plans plus tard il est déjà sur l'autoroute, toujours pourchassé par ses adversaires. C'est pareil pour toutes les autres scènes d'action et c'est bien dommage.
En plus, en répétant systématiquement les mêmes tics, Wright banalise son concept. Si bien qu'on termine le film avec le regret de n'avoir pas vu une scène meilleure que l'autre. Honnêtement, passé les deux premières scènes d'action et le plan séquence, il n'y a plus rien à voir. Même le moment où Baby se rebelle enfin est d'une mollesse bien triste. L'idée est bonne mais c'est exécuté pauvrement tout comme c'est assez maladroitement amené. Mais ce n'est pas qu'une question de montage : le découpage fait défaut au niveau des cadrages : Wright a du mal à trouver le plan idéal pour valoriser l'action. Et d'une manière générale, j'ai trouvé qu'il manquait beaucoup de plans frontaux ; à plusieurs reprises je me suis dit que la scène aurait mieux fonctionné avec un affrontement frontal (comme lors de la dispute au resto).
Ansel n'est pas très bon dans ce film : il est mou, il manque de charisme, il ne maîtrise pas assez son body language, n'a pas non plus la comédie dans la peau (élément qui manque cruellement au personnage, non pas pour faire des blagues mais afin de mieux gérer le timing). Les autres acteurs s'en sortent mieux mais les personnages et situations sont tellement pauvres qu'on en vient à supposer qu'ils ont tous dit oui avant de lire le scénario. Mais au moins les prestations des autres acteurs, y compris de la jolie héroïne, sont nettement meilleures.
Malgré tous ces défauts, la mise en scène reste de qualité dans le sens où on comprend la majorité de l'action, le montage est dynamique et les cascades réelles (même si le surdécoupage empêche de profiter de celles-ci, un peu comme pour le dernier Mad Max qui est un beau gâchis quand même).
Bref, très décevant ce film. Mais ça se regarde sans problème.