Héroïsme, esprit de famille, de tradition, de clocher, dur labeur et gratification : Backdraft est rempli à ras bord de l'autosatisfaction américaine et c'est une sacrée couche de chauvinisme qu'il faut déblayer pour déterrer un film. Cela le mène d'ailleurs sur une fausse piste, quoiqu'il n'est pas clair si c'est le spectateur ou Howard qui s'y engage. Ce dernier veut qu'on voie tout à travers les outils qu'il nous donne et c'est oppressant, presque propagandiste. Il nous met des œillères et on n'a pas le choix que de les adopter.
La recette a bien pris à l'époque. De grands noms ont tourné autour des auditions comme autour d'une lumière vive, et le film a inspiré toute une génération à s'engager dans les rangs des ô combien glorieux pompiers américains. Quand au scénariste Gregory Widen, heureux d'avoir réussi à étaler sa science du brossage dans le sens du poil, il s'est ensuite empressé de retourner écrire les Highlander.
Avec du recul, l'accroche fonctionne trop tard, aux deux tiers, quand De Niro sauve la donne en menant tout seul son petit bout d'intrigue policière, moins périssable que celle de type God Bless America. C'est encore ce qu'il y a de mieux pour compenser la relation entre les deux frères pompiers (William Baldwin et Kurt Russell) qui passent leur temps (mais surtout le nôtre) à se prendre le bec pour des inimitiés auxquelles on ne se sent pas lié un seul instant. Les états d'âme du jeunot balourd apprenant les dures réalités d'un métier qui le fait rêver grâce à son frère imbu de lui-même et ultraprofessionnel, c'est une ficelle qui marche un quart d'heure. Pas neuf.
En somme, Backdraft combine les qualités d'une publicité pour les soldats du feu de Chicago, et celles d'un film catastrophe un peu en retard sur son temps. Manquant avant tout gravement de sobriété, ce n'est pas un pas en avant pour Howard après Willow.
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