Backtrack
4.8
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Film de Dennis Hopper (1990)

Ma toute première critique. J'en aurai mis du temps à mettre les pieds dans le plat. J'ai longuement hésité sur le choix du film, et je n'aurais jamais imaginé jeter mon dévolu sur ce cageot. En réalité j'avais commencé un truc sur Robocop, et puis j'ai pas eu la poigne d'en finir. Ensuite j'ai revu The Game, et je me suis dit, tiens ça pourrait être sympa d'écrire un petit paragraphe ou deux sur ce film que j'adore, mais qui reste dans ce que je qualifierais de "l'intermédiaire".


Et puis je sais pas ce qui m'a pris, je cherchais nonchalamment du film à noter pour atteindre mon badge de collectionneur niveau 3 - c'est dire si j'ai du mal à donner du sens à mon existence - et là PAF ! Ca me revient et sans une lueur d'hésitation je me dis, c'est toi Catchfire qui va subir l'agression de ma plume incertaine.


Donc faut situer la chose, Rennes en 2009, j'ai 19ans et ça fait un petit moment que je m'élabore une cinémathèque dont je suis fier à l'époque. Bon, je connaissais mes classiques, mais je balbutiais encore, ce qui quand j'y repense était génial, c'était de la découverte constante.
Enfin bref, je me souviens être allé vendre quelques jeux vidéo dans un Cash Convertor pas loin de ma grotte, sans doute pour m'acheter un bout de shit en ce temps là. Et puis, y avait ce grand bac avec pleins de dvd neufs à 1€. Alors oui, j'étais pas autant raffiné qu'aujourd'hui - même si j'avoue poser encore mes coudes sur la table - mais je me disais bien que ça devait quand même être de belles merdes. Avec un peu de chance je repartais avec une bonne série B/Z ou à la rigueur un porno, mais il a fallu qu'en allant chercher un Chuck Norris au fond du bac je tombe sur ce machin.


Alors primo, la jaquette.. Quand je l'ai vu j'ai été direct emballé, je sentais déjà la chaleur et le grain organique des pellicules de la fin des eighties un peu comme dans un Black Rain par exemple, une photographie qui fait que je me sens tout de suite bien, au chaud, un bain de nostalgie. La jaquette elle te le promet ça.
Ensuite le casting, Dennis Hopper, devant et derrière la caméra. Bon ça avec le recul j'aurai peut être dû me méfier, mais je l'ai dit, j'étais pas encore au point du tout, et puis j'avais que ce souvenir de la conquête de la Sicile par les Maures à l'esprit, donc les yeux fermés avec mon Dennis. Ensuite Jodie Foster, elle m'a toujours un peu agacé je sais pas trop pourquoi, mais tout de même, c'est pas n'importe qui. Joe Pesci ? Là je me dis que c'est trop cool, que c'est assez étrange de n'avoir jamais entendu parler de ce film, que c'est sans doute un malentendu, mais que c'est troooop cool. Bon j'ai toujours un peu mal au coeur quand je le vois faire le pitre dans L'Arme Fatale - où il me fait quand même bien rire au demeurant - et puis quand je vois cette petite boule de nerfs dans les deux Scorcese.
Enfin, là et à ce stade, même sans lire le scénario je pense qu'on va se mettre plutôt bien. Pour le reste on a Vincent Price, John Turturro, Charlie Sheen et même Bob Dylan !
Franchement je crois être tombé sur un truc génial.


Bon j'embarque le dvd avec un autre que j'ai du coup jamais osé regarder, White Man, avec Travolta, j'étais certes moins enthousiaste que pour Catchfire mais je rentrais avec un Travolta sorti de derrière les fagots, plutôt sympa en soi quand un peu avant je pensais repartir avec une sorte de Samuraï Police Ninja Los Angeles, enfin tu vois.


Je lance le dvd et à partir de cet instant, trou noir. Aucun souvenir. Enfin si, un : Dennis Hopper qui se lâche quand il est en bagnole avec Jodie - qu'il a kidnappé pour un contrat et dont il tombe amoureux - et nous dégueule un monologue interminable sur la vie, un truc métaphysique qui t'emmène au moins jusqu'au bar du PMU du coin. Quand je dis interminable, je crois que je n'exagère pas. Un moment même, j'étais un peu gêné pour lui, comme quand je tombe sur Secret Story - enfin que je regarde -, une sorte de réflexe empathique dont on se passerait bien en fait. On a vraiment l'impression que Dennis s'adresse à nous avec cette séquence, et comme un grand père, il essaye tant bien que mal de t'expliquer la vie, mais y a un décalage quoi.


Catchfire c'est une arnaque en béton armé si t'es pas rôdé comme il faut. Dennis a quand même roulé sa bosse, et tu sens vraiment que ce film c'est un truc perso. Je les vois tous là, recevoir au courrier le scénar' et un bout de script : "Wow mais c'est à chier son truc, mais bon c'est Dennis, c'est chaud de lui refuser, surtout qu'à la fin il demande ça comme un service" et tout le monde s'est fait emporter par la tempête.
Ils ont essayé de l'enterrer ce film, à une époque je me souviens l'avoir cherché sur internet, pour prouver à un pote que c'était pas une légende, j'avais même pas pu mettre la main dessus! Et ça j'en suis fier, je suis fier d'avoir vu ce caprice de notre ami Hopper juste pour ça alors qu'ils auraient bien aimé que non.


Mais culpabilise pas trop vieux, grâce à toi j'ai écris ma première critique de film.


Gerwin.

Gerwin
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le 25 oct. 2015

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Gerwin

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