Si on pardonne difficilement à un film réputé de se révéler être mauvais, on éprouve souvent un petit faible emprunt de légère reconnaissance envers un bon film de merde. Bad Ass —film concept, encore une fois— tire son pitch d'une vidéo fort connue des habitués de Youtube dans laquelle un sexagénaire barbu au look improbable apprend les bonnes manières à un jeune rebelle de la génération Y durant un trajet de bus, le tout rapporté par un badaud qui préféra filmer l'échange plutôt que donner un coup de main à notre vieil ami. Pour la postérité, l'échauffourée a débuté suite à des propos légèrement racistes, volontaires ou non.

What a wonderful world.

Bref, ce prétexte servira de départ pour une extrapolation assez sympathique sous forme de vigilante movie improbable menée par un Danny Trejo —ex taulard second couteau du cinéma de genre de 68 ans —qui baladera sa force tranquille dans une histoire dépouillée et qui va droit au but, un peu dans la veine de ce qu'avait pu faire Hauer dans Hobo with a shotgun.

Non exempt de défauts: une légère lenteur paradoxalement à une nonchalance appropriée, des tronches connues limite sous exploitées (kikoo Charles S.Dutton qui s'en tire mieux qu'un Perlman venu cachetonner pour les impôts), Bad Ass suscitera sans doute plus de sympathie et d'adhésion qu'un Machete car débarrassé de la surenchère qui le caractérise.

L'histoire est simple et basique —quelle surprise— mais on se laisse facilement porter durant cette heure trente pensée pour les temps de cerveau disponibles, et pour peu que l'on ait un petit faible pour le père Trejo on se demande pourquoi bouder le plaisir.
La réalisation, qui flirte plus du côté du bon téléfilm ou direct to DVD que de l'as de la Panavision, fait le job sans trop de fainéantise, et c'est déjà pas mal pour ce type de production . Mais l'intérêt de Bad Ass réside surtout dans le charme qu'il dégage ; nonchalant, plein de force tranquille due à un Trejo attachant et qui porte le titre du film sur la tronche comme un gant, humble et sans surenchère bruyante et tape à l'œil, avec quelques touches d'humour et de second degré salvatrices.

Pas de discours social ou de dénonciation politique sous-jacente qui pour le coup s'avère bien souvent prétentieux pour ce genre de productions, pas de tentatives aussi vaines que ridicules de justifications faussement philosophiques des actions de notre botteur de cul; juste —à l'instar d'un Hobo et son clodo qui fusille à pompe l'air de la racaille— le principe de voir mon mexicain démineur de champs de gravier favori flanquer des roustes en bermuda baskets, banane à la ceinture.

Quitte à regarder un film de merde, autant en regarder un bon, quoi.

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le 14 juin 2012

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real_folk_blues

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