Bad Boys For Life (Adil & Bilall, U.S.A, 2020, 2h04)

Vingt-cinq ans après ‘’Bad Boys’’, dix-sept ans après ‘’Bad Boys II’’, y’avait-il une attente de la part du public de voir le retour de Marcus Burnett et Mike Lowery, cinquantenaires, et sans Michael Bay aux manettes ?

Au vu de son budget de 90 millions de $, un entre-deux entre le premier et le second volet, et son score mondial de plus de 425 millions de $, il semblerait que oui. Il semblerait même que ce ne soit pas juste un trois dans le vent, puisqu’un quatrième épisode est d’ores et déjà dans les tuyaux. Avec Michael Bay dans le fauteuil de réalisateur. Voilà qui rend ce film des plus intrigants, même si on peut craindre de voir une ‘’Fast and Furiousisation’’ de la franchise.

Mis en scène par Adil & Bilal, deux cinéastes Belges dont c’est ici le quatrième long métrage, mais le premier à Hollywood, ‘’Bad Boys For Life’’ est une œuvre étrange. Réussie sur de nombreux aspects, elle manque pourtant d’âme. Will Smith (52 ans) et Martin Lawrence (55 ans) ont passés l’âge de jouer les jeunes flics foufous, et le film ne cesse de le rappeler. Tout en sous-entendant qu’ils ont encore la patate, parce que : ‘’Bad Boys For Life’’ (maxime tirée de ‘’Bad Boys II’’).

L’ensemble s’avère globalement mollasson, et les scènes d’actions des plus classiques. Elles peinent à insuffler un rythme trépident. Le récit se traine, piétine parfois, et des choix scénaristiques douteux sont fait, sans doute pour apporter son lot de dramatisation. Car le métrage peine aussi à être drôle, se voulant bien premier degrés. Il n’y a plus la ferveur des débuts. Il faut ainsi essayer de faire abstraction, et prendre en compte l’écart avec le deux. Mais la gymnastique s’avère des plus difficile.

Adil & Bilal, dont je ne connaît pas les travaux précédents, mais qui semblent digne d’intérêts, possèdent un sens du visuel dans les pas de Michael Bay. Avec une recherche constante de l’iconisation à tout prix, et du plan clinquant qui marquera les rétines. Mais par moment ça donne malheureusement l’impression d’assister à du sous-Michael Bay, avec un manque cruel de panache et d’audace.

Au départ le projet était porté Joe Carnahan, crédité au scénario, un cinéaste à l’identité bien marqué. Même si son ‘’Stretch’’ en 2014 a laissé un goût un peu amère, c’était l’occasion de voir la saga reprise par un vrai auteur. Ce qui manque un peu à Adil & Bilal, car ‘’Bad Boys For Life’’ ressemble à une œuvre impersonnelle. Ce n’est pas dramatique, et quelques scènes sont plutôt bien emballées. Mais dans l’ombre du second volet, e film marque un retour en arrière.

Le problème principal réside vraiment dans ses deux acteurs principaux. Si le ton général se veut plus sérieux, bien que le récit laisse un peu de place à l’humour, on est face au symptôme ‘’Lethal Weapon 4’’ ou ‘’On est trop vieux pour ces conneries’’. Sauf que le film en joue beaucoup trop. Alors oui, ils sont trop vieux pour ces conneries, ce qui alimente des gags récurrents comme : ‘’Mets tes lunettes Marcus’’. Mais c’est triste plus que vraiment drôle.

Malgré son succès indéniable au box-office, ce métrage peine à enjouer. L’action y est assez classique, le récit encore plus, misant sans cesse sur l’opposition jeune génération branchée hight-tech, et une vielle garde aux méthodes dépassée. Le tout est un peu cliché et tombe trop souvent dans le piège de la redite. À un moment on a compris qu’ils sont vieux, et ce serait bien que le film change de disque. Mais jusqu’à la fin c’est la même rengaine qui revient.

Formellement comme visuellement, le métrage ressemble un peu à tous les films d’actions lambda de la période. C’est beaucoup d’effet spéciaux numériques, comme lors de la scène finale, qui est en cela assez laide. Tentant vainement de faire échos a l’extraordinaire déferlement final de ‘’Bad Boys II’’. Le souffle épique en moins. Et encore une fois une grande difficulté à donner un vrai souffle dynamique à l’ensemble.

À voir avec le temps, mais à chaud ce troisième volet offre assez peu de matière à impressionner. Tombant trop facilement dans le cliché du parfait petit film d’action. Avec son lot de fusillades, de cascades et de courses poursuites. Remplissant scrupuleusement son cahier des charges, au point de ne pas oublier le fameux plan iconique de la franchise. Ou en essayant tant bien que mal de donner un peu de comédie à Will Smith et Martin lawrence. Mais même là ça a du mal à décoller.

‘’Bad Boys For Life’’ est une œuvre qui patine, un peu comme le premier, même si à l’époque il pouvait être vu comme un film d’action novateur sur plusieurs points. Ici il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Et pire, par moment Smith & Lawrence font un peu de peine. Ils n’ont plus la stamina qui donnait vie à leurs personnages : ces trublions redoutables de la police de Miami.

Ni vraiment bon, mais pas non plus mauvais, l’œuvre d’Adil & Bilal est juste un actioner de plus, à ajouter à la liste de la période. À une époque où le genre peine sévèrement à se renouveler. La dernière bouffé d’air frais remontant à 2015 avec ‘’Baby Driver’’ d’Edgar Wright, qui proposait autre chose, avec du vieux. Il est donc à espérer que si ‘’Bad Boys 4’’ il y a, la série parvienne à se renouveler. Le retour de Michael Bay pourrait ainsi être salvateur.

Néanmoins, Adil & Bilal restent deux cinéastes auxquels il va falloir prêter attention. C’est ici leur premier film hollywoodien, ce qui n’est pas rien. Car même si le film est beaucoup trop formaté, manquant d’une vision d’ensemble, il y a ici et là quelques fulgurances, et des idées de mises en scènes qui laissent prétendre du bons pour l’avenir de ces deux réalisateurs. À voir donc. En attendant, ‘’Bad Boys For Life’’ c’était juste… ‘’Meh !’’

-Stork._